Ce n'est qu'en juin 1943, suite à une grave maladie, que sœur Lucie rédige sur papier le troisième secret. Mis sous enveloppe et cachetée, Mgr. da Silva en devint le dépositaire. Il plaça l'enveloppe dans une autre plus grande, cachetée à la cire, et écrivit dessus : « Cette enveloppe avec son contenu sera remise à Son Éminence le cardinal don Manuel, Patriarche de Lisbonne, après ma mort. Leiria, 8 décembre 1945. José, évêque de Leiria. »
Cette grande enveloppe fut ensuite placée dans un coffre de la curie car le Vatican refusa d'en devenir le dépositaire.
Le troisième secret, selon la demande de Notre-Dame, devait être lu au monde en 1960.
Cette date avait été expressément fixée par la Très Sainte Vierge Elle-même car à cette date son contenu aurait été mieux compris.
Au début de l'année 1957, le Vatican demande à la curie de Leira l'envoi photocopié de tous les écrits de sœur Lucie, ainsi que l'enveloppe conservée par Mgr. da Silva. C'est donc le 16 avril de la même année que le Saint-Siège accuse réception des documents demandés : les photocopies, ainsi que l'original de la fameuse enveloppe cachetée contenant le troisième secret.
Pourquoi le Vatican qui, en 1943, avait refusé de devenir le dépositaire du troisième secret se décida tout d'un coup à vouloir ce document ?. En 1957, on pouvait penser que ce serait en vu de sa publication en 1960... mais aujourd'hui on se demande si ce n'aurait pas été plutôt pour le faire disparaître selon l'importance de son contenu. Après la publication en 2000 d'un faux secret, le Saint-Siège se refuse toujours à montrer l'enveloppe et à autoriser l'analyse des documents présentés afin d'ôter toute suspicion sur la valeur du dossier dont tous les papes, depuis 1960, refusèrent la publication. On peut penser que Jean-Paul Ier avait l'intention de le faire, mais il disparut trop tôt, dans des circonstances mystérieuses.
Le 25 janvier 1959, le nouveau pape Jean XXIII annonce la convocation d'un Concile qui s'ouvrira le 11 octobre 1962 (1) et le 17 août il prend connaissance du troisième secret et dès lors on ne sait où est passée cette lettre écrite quelques années plus tôt par sœur Lucie.
Arriva l'année 1960 avec cette attente, pour les catholiques du monde entier, de connaître le message du Ciel ; mais le 8 février, l'agence de presse A.N.I. annonce le communiqué suivant qui tombe comme une bombe ! : « Cité du Vatican : Il est probable que le "secret de Fatima" ne sera jamais rendu public ». Que contient donc ce texte pour que le Vatican décide de ne « jamais » le rendre public !?!.
Face à cette stupéfiante décision, l'évêque de Leiria s'adresse courageusement à tous les évêques du monde, sans demander l'avis du pape. Il envoie donc un courrier dans lequel il demande d'organiser une nuit de prière à Fatima-ville, les 12 et 13 octobre 1960 afin d'obliger le Vatican à écouter les ordres de la Sainte Vierge (Texte intégral de cette lettre).
Le 12 octobre, 500 000 pèlerins venus du monde entier, participeront à cette nuit de prières ; mais le pape ne tiendra aucun compte et continua à mépriser la demande de Notre-Dame d'une part, et les catholiques eux-mêmes par la même occasion.
C'est dès ce moment là que, peu à peu, les modernistes purs et durs, les gens d'églises plus ou moins francs-maçons (plutôt plus que moins), entreront en masse dans les hautes sphères de la hiérarchie vaticane !.
Le 3 juin 1963, le pape Jean XXIII meurt et Paul VI lui succède. Il se fait communiquer le texte du troisième secret, mais comme son prédécesseur il n'en tint aucun compte. Lors du Concile Vatican II, les prélats refusèrent même de définir la médiation universelle de la Vierge Marie, Mère de Dieu et supprimèrent plusieurs fêtes de la Vierge dans le nouveau calendrier liturgique, réduisant le culte au strict minimum :
suppression du Saint Nom de Marie, de Notre-Dame de la Merci, des Sept-Douleurs de la Bienheureuse Vierge Marie ; la Visitation a été placée le 31 mai, à la place de Marie Reine, tandis que la fête de "Marie Médiatrice de toutes grâces", célébrée autrefois ce même jour, a disparu définitivement du missel. Le nouvel Ordo ne fait qu'une simple mémoire facultative de la fête du Cœur Immaculé de Marie le samedi après le deuxième Dimanche après la Pentecôte. Cette fête est donc sans office et messe propres, et elle passe après la férie, après les fêtes ordinaires des saints et les mémoires obligatoires. Cette mémoire facultative est donc omise dès qu'il y a une autre mémoire en concurrence. Dans les textes votés lors des sessions dudit concile, n'apparaîtront jamais les mots : « Cœur Immaculé de Marie », « Sacré-Cœur », « rosaire », « chapelet », « corédemptrice » et « médiatrice ». Bref, l'esprit de satan s'infiltrait dans l'église, lui faisant perdre le culte de Marie et de Jésus pour lui ouvrir une nouvelle ère : celle du culte de l'homme, nouveau et seul dieu dans l'esprit inavoué de ce sinistre concile !.
Paul VI se rend à Fatima le 13 mai 1967. On aurait naïvement pensé qu'il révélerait au monde ce qui aurait dû être fait 7 ans plus tôt ; mais déception, il ne fit rien !.
Arrivée à l'aéroport portugais vers 9h30, le pape se rendit en Rolls-Royce (on ne se refuse rien...!) à la Cova da Iria. Il dit la messe moderniste qui se fait depuis Vatican II et à la fin de la célébration, la voyante lui fut présentée. Sœur Lucie lui implora à genoux, à plusieurs reprises, un entretien seule à seul, mais — selon le témoignage du Père Almeida — le pape refusa en ces termes : « Voyez, ce n'est pas le moment ; et puis si vous voulez me communiquer quelque chose, dites-le à votre évêque (de Leiria) ; c'est lui qui me le communiquera. Soyez bien obéissante à votre évêque ». On ne peut traiter une personne avec plus de mépris !... La voyante se retira donc. Très attristée, elle pleura. Elle qui connaît le troisième secret, sans doute avait-elle de bonnes raisons d'être triste !...
Pourtant, le pape Paul VI accorda une série d'audiences : à l'épiscopat portugais, au corps diplomatique, à un groupe de chrétiens non catholiques, mais non à sœur Lucie. Pourquoi ?
Lors de son voyage, il refusa de se rendre à la chapelle des Apparitions située sur l'esplanade même. Pourquoi ?
Tout n'était que discours à la gloire et au culte de l'homme ; comme dans ces paroles lors de son homélie :
« Hommes, rendez-vous dignes du don divin de la Paix ;
Hommes, soyez des hommes ;
Hommes, soyez bons, sages, ouverts à la considération du bien général du monde ;
Hommes, soyez magnanimes ;
Hommes, sachez voir votre prestige et votre intérêt, non comme étant contraires, mais comme étant solidaires avec le prestige et l'intérêt d'autrui.
Hommes, pensez aux projets de commun bien-être ;
Hommes, recommencez à vous approcher les uns des autres avec la volonté de construire un monde nouveau : le monde des hommes vrais ».
Quelques mois plus tard, sœur Lucie remit une lettre à l'évêque de Leiria qui devait se rendre à Rome pour un pèlerinage. Le 27 septembre 1967, l'évêque remettait donc ladite lettre au pape, qui n'en donna aucune suite, ni verbale, ni écrite... l'a t-il au moins lu ? On ne le sait... ! Quoi qu'il en soit, de 1967 à 1978 Notre-Dame de Fatima est complètement oubliée au Vatican !... Personne, derrière les murs de cette citée ne parlera plus de la Vierge du Portugal.
Le 26 août 1978, le cardinal Luciani devint Pape et prend le nom de Jean-Paul Ier. On sait que Mgr. Lugiani, patriarche de Venise, a vu sœur Lucie à Fatima. Selon le livre : « El diario secreto de Juan Pablo I », (éd. Planeta, 1990) ("Le journal secret de Jean-Paul I") l'auteur, Ricardo de la Cieva y de Hoces, raconte sous forme de fiction littéraire et d'une manière romancée, les faits suivants : Dans son journal secret le pape écrivit le 21 septembre 1978, huit jours avant son martyr : « Le 11 juillet 1977, don Diego Lorenzi m'accompagnait à la concélébration dans l'église des carmélites de Coimbra. Sœur Lucie, qui vivait dans le couvent, demanda à me voir. J'acceptais avec quelques défiances. Ces choses me causent une certaine perturbation.
Lucie était une petite religieuse vive et communicative qui m'entretint deux longues heures alors que j'avais prévu quelques minutes pour la bénir et puis m'en aller. Elles me passèrent comme un souffle.
Elle ne parla pas des Apparitions, ni du fameux Secret, mais d'une préoccupation qui lui tourmentait l'âme à propos de la dégradation du clergé et de la foi des fidèles. Elle resta alors comme assoupie et quelques moments de silence passèrent. Elle me parlait avec les yeux baissés, mais soudain elle me regarda fixement pendant quelques secondes : « Quant à vous monsieur le patriarche, me dit-elle avec des paroles qui manifestement n'étaient pas les siennes, la couronne du Christ et les jours du Christ. » Elle retomba dans le silence pendant que je me taisais très ému.
Depuis lors je n'ai pas cessé de penser à cela une seule nuit. La couronne du Christ, quelque chose me le dit à l'intérieur de moi-même, est peut-être ce que j'appelle "oppression" : les jours du Christ seront mes jours, mes semaines, mes années... je ne sais pas. Aujourd'hui est le 25 ème jour de mon pontificat. Les années du Christ on été 33... Je ne sais pas ! »
L'hebdomadaire Gente Veneta daté du 23 juillet 1977 (voir aussi le bulletin de la CRC n° 325, septembre 1996, p.8), dans lequel fut publié l'article du Cardinal Luciani sur sa rencontre avec sœur Lucie, ne parle pas de la confidence ci-dessus. Toutefois, à en croire Ricardo de la Cieva y de Hoces, lors de cet entretien, la religieuse lui avait prédit « la Couronne du Christ », c'est-à-dire la couronne du martyr, et « les jours du Christ » qui ont été les 33 jours de son bref pontificat.
« La Couronne du Christ et les jours du Christ », cette phrase ne cessa d'envahir la pensée de Mgr. Lugiani, surtout à partir du 26 août 1978 où il fut élu Pape. Il confia alors à un théologien ami, don Germano Pattaro : « Ce que sœur Lucie m'a dit au mois de juillet 1977 m'était devenu un poids sur le cœur. Cette pensée était trop embarrassante, trop contraire à tout mon être. Ce n'était pas croyable, et pourtant la prévision de sœur Lucie s'est avérée. Je suis Pape. Si je vis, je retournerai à Fatima pour consacrer le monde et particulièrement les peuples de la Russie à la Sainte Vierge, selon les indications que Celle-ci a données à sœur Lucie ».
Son très bref pontificat de 33 jours ne lui a pas permis de dévoiler au monde [l'authentique] dernier message de Notre-Dame de Fatima, mais quelques confidences de gens très bien placés permettent de penser qu'il en avait l'intention. Voulait-il en outre chasser les prélats francs-maçons du Vatican ? Tout restaurer dans le Christ ? On ne le sait au juste, mais pour l'en empêcher, il aurait été assassiné par empoisonnement !.
Puis, le 16 octobre 1978, Jean Paul II lui succède et annonce tout de suite la couleur : il ne divulguera pas l'ultime secret, mais continuera l'ouverture prônée par le concile Vatican II.
Après l'attentat du 13 mai 1981 (64 ans, jour pour jour, après la première apparition de Notre-Dame, à Fatima), place st. Pierre à Rome, le pape se rend à Fatima les 12 et 13 mai de l'année suivante. Il rencontre sœur Lucie et lui accorde un entretien.
La voyante lui parla du troisième secret, de sa divulgation voulue par Dieu, et le questionna sur le procès de béatification de François et de Jacinthe. Sur le premier point, Jean-Paul II dit : « Il n'est ni nécessaire ni prudent de révéler maintenant le contenu du secret » ; quant à la Consécration de la Russie, en communion avec tous les évêques du monde, il ne la fera pas !. Sur le second point, il ne promit rien : « Priez, ma fille, pour que cela se réalise durant votre vie et durant la mienne », lui a t-il répondu.
Donc, de ce voyage à Fatima, comme ce fut le cas lors du pèlerinage de Paul VI quelques années auparavant, rien ne serait fait pour répondre aux demandes de la Très Sainte Vierge ; et s'il était besoin encore d'offenser d'avantage Notre Mère du ciel, il mentionna publiquement dans une prédiction, la prière de Notre-Dame en ces termes : « Ô Jésus, c'est par amour pour Vous, pour la conversion des pécheurs, et en réparation des péchés ». Jusqu'à preuve du contraire, cette prière se termine ainsi : « ... commis contre le Cœur Immaculé de Marie ». Hors, il ne mentionna pas cette fin de phrase. Détail direz-vous ? La religion new look instaurée par Vatican II peut bien évidement se passer de ce détail et de beaucoup d'autres d'ailleurs... !
Au soir du 13 mai, Jean-Paul II n'avait pas accompli la demande de Notre-Dame.
Neuf ans plus tard, il se rend de nouveau à Fatima. Il y rencontra seul à seule sœur Lucie pendant 22 minutes, mais aucune information ne filtra de cet entretien. D'après les comportements de Jean-Paul II et de la voyante, avant et après l'entretien ; il semble bien que le Vatican ne dévoilera jamais le dernier message que la Sainte Vierge fit connaître à Lucie en 1917, pas plus qu'il ne consacrera la Russie au Cœur Immaculé de Marie, en communion avec tous les évêques du monde.
Pourtant, le 13 mai 2000 au Portugal, à l'occasion de la béatification de Jacinta et Francisco Marto, le pape Jean-Paul II chargea le cardinal Angelo Sodano de lire un communiqué de la plus haute importance qui, selon le Vatican, « semble concerner ce qu'on appelle 'la troisième partie' du secret de Fatima ». Cet acte fut officialisé le 26 juin 2000 par la publication d'un document de la Congrégation pour la doctrine de la foi, présenté par le cardinal Ratzinger au cours d'une conférence de presse. L'analyse approfondie du document prouve en fait que le Saint-Siège a délivré au monde un FAUX SECRET !.
1941 | ● Juillet-août : En rédigeant son 3ème MÉMOIRE, sœur Lucie mentionne pour la première fois la division du Secret de Fatima en trois parties distinctes : « Le Secret comprend trois choses distinctes, écrit-elle, et j'en dévoilerai deux. » ● 7 octobre : Au chanoine Galamba qui lui demande de rédiger le Secret, sœur Lucie répond qu’elle n’en a pas encore reçu la permission du Ciel. ● Octobre-décembre : Dans le 4ème MÉMOIRE, souur Lucie écrit la première phrase du Secret : « Em Portugal se conservará sempre o dogma da fé », qu’elle fait suivre d’un « etc. ». |
1943 | ● Juin : Une pleurésie frappe sœur Lucie et fait craindre au chanoine Galamba et à Mgr da Silva qu’elle ne disparaisse avant d’avoir révélé l’ultime Secret. ● Été : Une entrevue mémorable à Valença do Minho : Le chanoine Galamba suggère à Mgr. da Silva de demander à sœur Lucie d'écrire dès maintenant le texte du troisième Secret, puis qu'elle le place dans une enveloppe cachetée à la cire. ● 15 septembre : À Tuy, Mgr da Silva demande à la voyante de rédiger le Secret. ● Mi-octobre : Mgr da Silva lui donne l’ordre formel d’en écrire le texte. sœur Lucie ressentit alors, pendant presque trois mois, une mystèrieuse et terrible agonie. |
1944 | ● 2 janvier : À l’infirmerie de Tuy, la TSV apparaît à sœur Lucie, la réconforte et lui confirme que c’est bien la volonté de Dieu qu’elle écrive les paroles de l’ultime Secret ● 9 janvier : Elle avertit Mgr da Silva que le Secret est rédigé. ● Printemps : Elle confie à son directeur son désir de s’entretenir avec le Pape Pie XII. ● Mai : le père belge jésuite Edouard Dhanis, publie une thèse qui met en doute l'authenticité du secret du 13 juillet 1917. ● 17 juin : L’enveloppe contenant le Secret est remise à Mgr da Silva, qui refuse de l’ouvrir. ● Mgr da Silva propose au Saint-Office de transmettre le Secret à Rome qui refuse. |
1945 | ● 8 décembre : Mgr da Silva insère l’enveloppe de sœur Lucie dans une autre enveloppe, cachetée également à la cire, précisant qu’après sa mort le Secret devra être transmis au cardinal Cerejeira, patriarche de Lisbonne. |
1946 | ● Jusqu’en 1960 : De nombreux témoignages affirment que le Secret devra être lu au monde en 1960, parce que la sainte Vierge le veut ainsi. ● Mai : Elle se rend à Fátima. Il est question qu’elle aille à Rome pour faire connaître le Secret au Saint-Père. |
1952 | ● 2 septembre : Le P. Schweigl l’interroge notamment sur le Secret. |
1955 | ● Mai : Le cardinal Ottaviani s’entretient avec elle et l’interroge sur le Secret. |
1956 | ● Fin 1956 - début 1957 : Le Saint-Office réclame une copie de tous ses écrits ainsi que le manuscrit du Secret que Mgr da Silva n’a pas voulu lire. |
1957 | ● Mi-mars : Mgr Venãncio porte au nonce apostolique à Lisbonne l’enveloppe scellée contenant le Secret. ● 16 avril : L’enveloppe parvient au Vatican. Elle fut sans doute placée presque aussitôt par le Pape Pie XII dans son bureau personnel, dans un petit coffre portant la mention "Secretum Sancti Officii". ● 14 mai : Mère Pascalina confie à Robert Serrou que le Secret se trouve dans l’appartement du Saint-Père, dans le coffret des « secrets du Saint-Office ». ● 4 décembre : Mort de Mgr da Silva. ● 26 décembre : Elle dit au Père Fuentes au sujet du Secret : « Seuls le Saint-Père et Mgr l’évêque de Fátima pourraient le savoir, mais ils ne l’ont pas voulu ». |
1958 | ● 9 octobre : Pie XII meurt sans avoir lu le Secret. ● Le Père Fuentes publie son entrevue avec Lucie. On la lit partout sans que son authenticité soit mise en doute. |
1959 | ● 2 juillet : Un rapport anonyme émanant de la chancellerie épis-copale de Coïmbre dénonce l’entrevue Lucie / Fuentes comme étant entachée de fraude. À ce jour, aucun officiel n’a pris ce rapport à son compte. ● 25 janvier : Jean XXIII annonce la convocation du IIème Concile du Vatican. ● 17 août : Jean XXIII, à Castelgandolfo, reçoit l’enveloppe du 3e Secret et le lit dans les jours suivants. Il prend la décision de ne pas publier le texte, alors que la Vierge Marie voulait cette publication en 1960 ; mais rien n'est encore annoncé. ● Le monde catholique reste donc dans l'attente unanime et anxieuse de la divulgation du Secret. |
1960 | ● Février (?) : Jean XXIII fait lire le Secret au cardinal Ottaviani. ● 8 février : En dépit du désir exprès de la Très Sainte Vierge, des promesses répétées de l’évêque de Fátima et du Patriarche de Lisbonne, un simple communiqué de l’agence de presse portugaise A.N.I. annonce : Le Vatican fait savoir que le Secret ne sera pas divulgué. ● 24 février : Jean XXIII jete publiquement la plus infamante suspicion sur la crédibilité du témoignage de sœur Lucie et sur l'ensemble du Message de Fatima. Selon Mgr. Capovilla, Jean XXIII aurait demandé conseil à plusieurs prélats de la Curie, mais le cardinal Cerejeira déclare : « J'affirme catégoriquement que je n'ai pas été consulté. » ● 17 mai : Mgr Venãncio adresse une lettre aux évêques du monde entier. ● Mai-juin : Jean XXIII reçoit Mgr Venãncio. ● 18 juin : Un article mensonger du P. Caprile, sj, dans Civilta cattolica. ● Septembre : On espère à Fátima un geste de Jean XXIII à l’occasion du 13 octobre. ● 13 octobre : Journée mondiale de prière et de pénitence, à l'initiative de Mgr. Venancio. Le Vatican fit la sourde oreille. Rien ne fut fait. ● Sœur Lucie est officiellement bâillonnée en ce qui a trait au Secret. |
1961 | ● Le Père Fuentes, sur la foi du rapport anonyme de Coïmbre, est démis de ses fonctions de postulateur de la Cause de béatification de François et de Jacinthe. |
1963 | ● 3 juin : Jean XXIII meurt sans avoir fait de déclaration publique au sujet du Secret. ● Été : Paul VI, peu après son élection [21 juin], réclame le texte du Secret. ● 15 octobre : La revue allemande Neues Europa publie une fausse version du Secret. |
1965 | ● Le Père Alonso est nommé archiviste de Fátima et se dit d’accord avec le rapport anonyme de Coïmbre concernant le Père Fuentes. ● 13 mai : Le cardinal Cento, légat de Paul VI, présente la Rose d’Or à NDF lui confiant l’Église entière. Dans son homélie, il résume en deux mots le message de Fátima : Prière et pénitence !. |
1966 | ● 15 novembre : Le nouveau Droit canonique permet à quiconque dans l’Église de parler ouvertement des apparitions sans qu’il soit nécessaire d’obtenir un imprimatur, mais sœur Lucie pour en parler doit avoir la permission directe du Vatican. |
1967 | ● 11 février : Déclaration du cardinal Ottaviani concernant le Secret. ● 13 mai : D’après un expert de Fátima, elle aurait insisté en vain auprès de Paul VI pour qu’il divulgue le Secret. |
1975 | ● Après dix années d’étude des documents, le P. Alonso reconnaît que l’entrevue du P. Fuentes, en 1957, rapportait bien les vues de sœur Lucie. |
1977 | ● 7 juillet : Le cardinal Ottaviani répond à trois questions à propos du Secret. |
1980 | ● Novembre : Problématiques déclarations de Jean-Paul II à Fulda (Allemagne). |
1981 | ● 13 septembre : L’évêque de Fátima se refuse à dire quoique ce soit du contenu du Secret ; il dément les faux secrets s’inspirant du texte de Neues Europa, et précise qu’il avait consulté sœur Lucie à ce sujet. ● 12 décembre : Le P. Alonso meurt, laissant 14 volumes inédits de documentation sur Fátima. Ses articles et opuscules expriment sa pensée, surtout concernant le 3ème Secret : il s’agirait de la crise de la foi et de la responsabilité de la Hiérarchie à cet égard. |
1982 | ● Jean-Paul II, avant son pèlerinage du 13 mai à Fátima, consulte un prêtre portugais de la Curie et se fait traduire le Secret selon les nuances de la langue. ● Mai : Sœur Lucie aurait dit au cardinal Oddi que de son entretien avec le Pape avait résulté la décision de Jean-Paul II de ne pas révéler le Secret, de peur qu’il soit mal interprété. ND voulait pourtant qu’il fut divulgué en 1960. |
1984 | ● 10 septembre : L’évêque de Fátima déclare à Vienne que le contenu du 3ème Secret ne concerne que notre foi, la perte de la foi. ● Octobre 1984 - juin 1985 : Variations du card. Ratzinger au sujet du Secret. |
1985 | ● Février : Le P. Messias Dias Coelho relaie la déclaration de l’évêque de Fátima à propos du Secret. |
1986 | ● 20 janvier : Mgr do Amaral, contraint (?), rétracte ses propos sur le contenu du Secret. Ceux qui savent la vérité ne doivent donc pas la faire connaître ou la laisser deviner… ● Juin : Frère Paul Leonard signe l’article : The Plot to Silence Our Lady, in : The Fatima Crusader. ● 14-19 septembre : Laurentin fait allusion au symposium de Fátima à l’œuvre monumentale du frère Michel mais pour stigmatiser la secte fatimiste. ● Le témoignage du cardinal Oddi sur le Secret et Jean XXIII confirme le fait que Jean XXIII a lu ce document en 1960 et qu’il le scella, parce qu’il n’aimait pas les « prophètes de malheurs ». ● Laurentin édulcore la thèse du P. Alonso, publiée dès 1976, et de nouveau en 1981. L’annonce des déficiences de la hiérarchie et des papes eux-mêmes explique tout. |
1987 | ● Avril : Fr. Leonard précise son précédent article par : The [USA] Blue Army Leadership Has Followed a Deliberate Policy of Falsifying the Fátima Message où il évente le faux du magazine Soul (1982) et la désinformation subséquente concernant la consécration que ND a demandée. ● Le Messagem de Fátima rapporte plus vraisemblablement que, d’après le cardinal [Oddi], Jean-Paul II avait passé pratiquement les vingt minutes de l’entretien du 13 mai 1982 à tenter de convaincre Lucie qu’il n’était pas nécessaire, ni prudent de divulguer maintenant le contenu du Secret, vu que le monde ne le comprendrait pas. |
1988 | ● Le cardinal Édouard Gagnon gronde Frère Nicholas Gruner pour avoir publié le rapport de l’Abbé Pierre Caillon. Le cardinal admet avoir parlé à l’Abbé Caillon, et dit que ce rapport n’était pas pour publication. |
1989 | ● Février : Mgr Luciano Guerra écrit dans Voz da Fátima que tout est lié au secret de Fátima, dont l’étendue nous semble atteindre les dimensions de la planète. ● Le Secret, selon le P. Freire, ne concernerait que le Portugal. Cette réaction ne viserait pas tant à contrer des esprits déséquilibrés [de la secte fatimiste !] qu’à faire barrage à la thèse du P. Alonso, gênante pour Rome. ● Le cardinal Seper pousse le P. A.M. Martins, sj, à se rallier finalement à la thèse Freire. ● Novembre : Fr. Gruner lance une campagne mondiale demandant la libération de sœur Lucie, et encourageant le Saint-Père à divulguer le Secret. ● Le cardinal Oddi : La consécration de la Russie n’a pas encore été effectuée ; il ne sera possible d’exécuter la demande de Notre-Dame qu’après la révélation du Secret. |
1990 | ● Août-septembre : René Laurentin annule pratiquement la thèse du Père Alonso, reprise par le frère Michel, en soutenant que le Secret ne vise qu’une époque révolue : 1960 à 1980. Il pousse l'audace jusqu'à publier dans Chrétiens-Magazine un article intitulé : « Le troisième secret de Fatima est enfin révélé », dans le but d'enterrer définitivement ce Secret. |
2000 | ● 13 mai : Jean-Paul II charge le cardinal Sodano de faire une annonce sur la troisième partie du Secret et charge la Congrégation pour la doctrine de la foi de rendre public le texte officiel. ● 15 juin : Report au 26 juin de la conférence de presse sur le troisième Secret. ● 19 juin : Pour enlever toute crédibilité au « vrai » troisième Secret, le cardinal Ratzinger n'hésite pas à traiter sœur Lucie d'affabulatrice dans un interview au quotidien « La Repubblica » ● 26 juin : Présentation à la presse du « Message de Fatima » dont l'authenticité semble pour le moins très douteux. Beaucoup parlent déjà d'un « vrai-faux » secret !
PRÉSENTATION
Après les évènements dramatiques et cruels du vingtième siècle, un des siècles les plus cruciaux de l'histoire de l'humanité, qui trouve son point culminant avec l'attentat sanglant envers le « doux Christ sur la terre », s'ouvre donc un voile sur une réalité qui marque l'histoire et qui l'interprète en profondeur, selon une dimension spirituelle à laquelle la mentalité actuelle, souvent empreinte de rationalisme, est réfractaire. Apparitions et signes surnaturels scandent l'histoire, elles entrent dans le vif des vicissitudes humaines et accompagnent le chemin du monde, surprenant croyants et non-croyants. Ces manifestations, qui ne peuvent pas contredire le contenu de la foi, doivent converger vers l'objet central de l'annonce du Christ : l'amour du Père qui suscite chez les hommes la conversion et qui donne la grâce pour s'abandonner à Lui avec une dévotion filiale. Tel est aussi le message de Fatima qui, avec l'appel déchirant à la conversion et à la pénitence, porte en réalité au cœur de l'Évangile. Fatima est sans aucun doute la plus prophétique des apparitions modernes. La première et la deuxième parties du « secret » — qui sont publiées dans l'ordre pour l'intégralité de la documentation — concernent avant tout la vision épouvantable de l'enfer, la dévotion au Cœur immaculé de Marie, la deuxième guerre mondiale, ainsi que la prédiction des très graves dommages que la Russie, abandonnant la foi chrétienne et adhérant au totalitarisme communiste, devait apporter à l'humanité. En 1917, personne n'aurait pu imaginer tout cela; les trois pastorinhos de Fatima voient, écoutent, gardent tout en mémoire, et Lucie, témoin survivant, à partir du moment où elle en a reçu l'ordre par l'évêque et la permission de Notre-Dame, le met par écrit. En ce qui concerne la description des deux premières parties du « secret », déjà publiées par ailleurs et donc connues, on a choisi le texte écrit de Sœur Lucie dans le troisième mémoire du 31 août 1941 ; dans le quatrième mémoire du 8 décembre 1941, elle y a ajouté quelques annotations. La troisième partie du « secret » fut écrite « sur l'ordre de Son Excellence l'Évêque de Leiria et de la Sainte Mère » le 3 janvier 1944. Il existe un seul manuscrit, qui est ici reproduit photographiquement. L'enveloppe scellée fut gardée d'abord par l'évêque de Leiria. Pour mieux conserver le « secret », l'enveloppe fut remise le 4 avril 1957 aux Archives secrètes du Saint-Office. Sœur Lucie en fut avertie par l'évêque de Leiria. Selon des notes d'archives, en accord avec le Cardinal Alfredo Ottaviani, le 17 août 1959, le Commissaire du Saint-Office, le Père Pierre-Paul Philippe, op, porta à Jean XXIII l'enveloppe contenant la troisième partie du « secret de Fatima ». Sa Sainteté, « après certaines hésitations », dit : « Attendons, je prierai. Je vous ferai savoir ce que j'ai décidé ».(1) En réalité, le Pape Jean XXIII décida de renvoyer l'enveloppe scellée au Saint-Office et de ne pas révéler la troisième partie du « secret ». Paul VI lut le contenu avec le Substitut, Mgr Angelo Dell'Acqua, le 27 mars 1965, puis renvoya l'enveloppe aux Archives secrètes du Saint-Office, décidant de ne pas publier le texte. Pour sa part, Jean-Paul II a demandé l'enveloppe contenant la troisième partie du « secret » après l'attentat du 13 mai 1981. Son Éminence le Cardinal Franjo Seper, Préfet de la Congrégation, remit à Son Excellence Monseigneur Eduardo Martinez Somalo, Substitut de la Secrétairerie d'État, le 18 juillet 1981, deux enveloppes : — l'une blanche, avec le texte original de Sœur Lucie en langue portugaise ; — l'autre de couleur orange, avec la traduction du « secret » en langue italienne. Le 11 août suivant, Mgr Martinez a rendu les deux enveloppes aux Archives du Saint-Office.(2) Comme on le sait, le Pape Jean-Paul II pensa aussitôt à la consécration du monde au Cœur immaculé de Marie et composa lui-même une prière pour ce qu'il définit « un acte de consécration » à célébrer dans la Basilique Sainte-Marie-Majeure, le 7 juin 1981, solennité de la Pentecôte, jour choisi pour rappeler le 1600e anniversaire du premier Concile de Constantinople et le 1550ème anniversaire du Concile d'Éphèse. Le Pape étant par force absent, on transmit son allocution enregistrée. Nous donnons le texte qui se réfère exactement à l'acte de consécration : « Mère des hommes et des peuples, toi qui connais toutes leurs souffrances et leurs espérances, toi qui ressens d'une façon maternelle toutes les luttes entre le bien et le mal, entre la lumière et les ténèbres qui secouent le monde, accueille l'appel que, dans l'Esprit Saint, nous adressons directement à ton cœur, et embrasse dans ton amour de mère et de servante du Seigneur, ceux qui ont le plus besoin de ta tendresse et aussi ceux dont tu attends toi-même d'une façon particulière qu'ils s'en remettent à toi. Prends sous ta protection maternelle toute la famille humaine que, dans un élan affectueux, nous remettons entre tes mains, ô notre Mère. Que vienne pour tous le temps de la paix et de la liberté, le temps de la vérité, de la justice et de l'espérance».(3) Mais le Saint-Père, pour répondre plus complètement aux demandes de « Notre-Dame », voulut expliciter au cours de l'Année sainte de la Rédemption l'acte de consécration du 7 juin 1981, repris à Fatima le 13 mai 1982. Le 25 mars 1984, sur la place Saint-Pierre, en union spirituelle avec tous les évêques du monde, « convoqués » précédemment, évoquant le fiat prononcé par Marie au moment de l'Annonciation, le Pape consacre au Cœur immaculée de Marie les hommes et les peuples, avec des accents qui rappellent des paroles poignantes prononcées en 1981 : C'est pourquoi, ô Mère des hommes et des peuples, toi qui connais toutes leurs souffrances et leurs espérances, toi qui ressens d'une façon maternelle toutes les luttes entre le bien et le mal, entre la lumière et les ténèbres qui secouent le monde contemporain, reçoit l'appel que, mus par l'Esprit Saint, nous adressons directement à ton Cœur, et avec ton amour de mère et de servante du Seigneur, embrasse notre monde humain, que nous t'offrons et te consacrons, pleins d'inquiétude pour le sort terrestre et éternel des hommes et des peuples. Nous t'offrons et te consacrons d'une manière spéciale les hommes et les nations qui ont particulièrement besoin de cette offrande et de cette consécration. « Sous l'abri de ta miséricorde, nous nous réfugions, sainte Mère de Dieu ! » « Ne rejette pas nos prières alors que nous sommes dans l'épreuve ! ». Puis le Pape poursuit avec des références plus fortes et plus concrètes, comme un commentaire du Message de Fatima dans sa triste réalisation : « Devant toi, Mère du Christ, devant ton Cœur immaculé, nous voulons aujourd'hui, avec toute l'Église, nous unir à la consécration que ton Fils a faite de lui-même à son Père, par amour pour nous : “Pour eux, a-t-il dit, je me consacre moi-même, afin qu'ils soient eux aussi consacrés en vérité” (Jn 17, 19). Nous voulons nous unir à notre Rédempteur en cette consécration pour le monde et pour les hommes, laquelle, dans le cœur divin, a le pouvoir d'obtenir le pardon et de procurer la réparation. La puissance de cette consécration dure dans tous les temps, elle embrasse tous les hommes, peuples et nations, elle surpasse tout mal que l'esprit des ténèbres est capable de réveiller dans le cœur de l'homme et dans son histoire, et que, de fait, il a réveillé à notre époque. Combien profondément nous sentons le besoin de consécration pour l'humanité et pour le monde, pour notre monde contemporain, dans l'unité du Christ lui-même ! À l'œuvre rédemptrice du Christ, en effet, doit participer le monde par l'intermédiaire de l'Église. C'est ce que manifeste la présente Année de la Rédemption, le Jubilé extraordinaire de toute l'Église. En cette Année sainte, bénie sois-tu par-dessus toute créature, toi, la servante du Seigneur, qui as obéi de la manière la plus pleine à ce divin appel ! Sois saluée, toi qui t'es entièrement unie à la consécration rédemptrice de ton Fils ! Mère de l'Église ! Enseigne au Peuple de Dieu les chemins de la foi, de l'espérance et de la charité ! Éclaire spécialement les peuples dont tu attends de nous la consécration et l'offrande ! Aide-nous à vivre dans la vérité de la consécration du Christ pour toute la famille humaine du monde contemporain ! En te confiant, ô Mère, le monde, tous les hommes et tous les peuples, nous te confions aussi la consécration même du monde et nous la mettons dans ton cœur maternel. Ô Cœur immaculé ! Aide-nous à vaincre la menace du mal qui s'enracine si facilement dans le cœur des hommes d'aujourd'hui et qui, avec ses effets incommensurables, pèse déjà sur la vie actuelle et semble fermer les voies vers l'avenir ! De la faim et de la guerre, délivre-nous ! De la guerre nucléaire, d'une autodestruction incalculable, de toutes sortes de guerres, délivre-nous ! Des péchés contre la vie de l'homme depuis ses premiers moments, délivre-nous ! De la haine et de la dégradation de la dignité des fils de Dieu, délivre-nous ! De tous les genres d'injustice dans la vie sociale, nationale et internationale, délivre-nous ! De la facilité avec laquelle on piétine les commandements de Dieu, délivre-nous ! De la tentative d'éteindre dans les cœurs humains la vérité même de Dieu, délivre-nous ! De la perte de la conscience du bien et du mal, délivre-nous ! Des péchés contre l'Esprit Saint, délivre-nous ! Délivre-nous ! Écoute, ô Mère du Christ, ce cri chargé de la souffrance de tous les hommes ! Chargé de la souffrance de sociétés entières ! Aide-nous, par la puissance de l'Esprit Saint, à vaincre tout péché : le péché de l'homme et le “péché du monde”, le péché sous toutes ses formes. Que se révèle encore une fois dans l'histoire du monde l'infinie puissance salvifique de la Rédemption, la puissance de l'amour miséricordieux ! Qu'il arrête le mal! Qu'il transforme les consciences ! Que dans ton Cœur immaculé se manifeste pour tous la lumière de l'espérance ! ».(4) Sœur Lucie confirma personnellement que cet acte solennel et universel de consécration correspondait à ce que voulait Notre-Dame (« Sim, està feita, tal como Nossa Senhora a pediu, desde o dia 25 de Março de 1984 » : « Oui, cela a été fait, comme Notre-Dame l'avait demandé, le 25 mars 1984 » : lettre du 8 novembre 1989). C'est pourquoi toute discussion, toute nouvelle pétition est sans fondement. Dans la documentation ici présentée, on a ajouté aux manuscrits de Sœur Lucie quatre autres textes : 1) la lettre du Saint-Père à Sœur Lucie datée du 19 avril 2000 ; 2) une description de la rencontre avec Sœur Lucie du 27 avril 2000 ; 3) la communication lue par mandat du Saint-Père à Fatima le 13 mai dernier par Son Éminence le Cardinal Angelo Sodano, Secrétaire d'État ; 4) le commentaire théologique de Son Éminence le Cardinal Joseph Ratzinger, Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Une indication pour l'interprétation de la troisième partie du « secret » avait déjà été donnée par Sœur Lucie dans une lettre au Saint-Père le 12 mai 1982. Dans cette dernière, elle écrivait : « La troisième partie du secret se réfère aux paroles de Notre-Dame : “Sinon la Russie répandra ses erreurs à travers le monde, favorisant guerres et persécutions envers l'Église. Les bons seront martyrisés, le Saint-Père aura beaucoup à souffrir, diverses nations seront détruites” (13-VI-1917). La troisième partie du secret est une révélation symbolique, qui se réfère à cette partie du Message, conditionné par le fait que nous acceptions ou non ce que le Message lui-même nous demande : “si on accepte mes demandes, la Russie se convertira et on aura la paix ; sinon elle répandra ses erreurs à travers le monde, etc...”. Comme nous n'avons par tenu compte de cet appel du Message, nous constatons qu'il s'est réalisé, la Russie a inondé le monde de ses erreurs. Et si nous ne constatons pas encore la réalisation totale de la fin de cette prophétie, nous voyons que nous nous y acheminons peu à peu à grands pas. Si nous ne renonçons pas au chemin de péché, de haine, de vengeance qui viole les droits de la personne humaine, d'immoralité et de violence, etc. Et ne disons pas que c'est Dieu qui ainsi nous punit ; au contraire, ce sont les hommes qui préparent eux-mêmes leur châtiment. Dans sa sollicitude, Dieu nous avertit et nous incite à prendre le bon chemin, respectant la liberté qu'il nous a donnée ; c'est pourquoi les hommes sont responsables ».(5) La décision du Pape Jean-Paul II de rendre publique la troisième partie du « secret » de Fatima conclut une période de l'histoire, marquée par de tragiques volontés humaines de puissance et d'iniquité, mais pénétrée de l'amour miséricordieux de Dieu et de la vigilance prévenante de la Mère de Jésus et de l'Église. Action de Dieu, Seigneur de l'histoire, et co-responsabilité de l'homme, dans sa dramatique et féconde liberté, tels sont les deux pivots sur lesquels se construit l'histoire de l'humanité. La Vierge Marie apparue à Fatima nous rappelle ces valeurs oubliées, cet avenir de l'homme en Dieu, avenir dont nous sommes une part active et responsable. Archevêque émérite de Vercelli Secrétaire de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (1) Du journal de Jean XXIII, 17 août 1959 : « Audience : P. Philippe, Commissaire du S.O., qui me porte la lettre contenant la troisième partie du secret de Fatima. Je me réserve de la lire avec mon confesseur ». (2) Il faut se rappeler le commentaire que le Saint-Père fit à l'audience générale du 14 octobre 1981 sur « l'événement du mois de mai : grande épreuve divine » : Insegnamenti di Giovanni Paolo II, IV, 2, Cité du Vatican (1981), pp. 409-412. (3) Radiomessage durant la Messe dans la Basilique Sainte-Marie-Majeure. Vénération, remerciements et consécration à la Vierge Marie, la Théotokos : Insegnamenti di Giovanni Paolo II, IV, 1, Cité du Vatican (1981), p. 1246. (4) Au cours de la journée jubilaire des familles, le Pape consacre à la Vierge Marie les hommes et les nations : Insegnamenti di Giovanni Paolo II, VII, 1, Cité du Vatican (1984), pp. 775-777 : La Documentation catholique 81 (1984), p. 287. (5) [Une indication pour l'interprétation de la troisième partie du « secret » avait déjà été donnée par Sœur Lucie dans une lettre au Saint-Père le 12 mai 1982. Dans cette dernière, elle écrivait :]
PREMIÈRE ET DEUXIÈME PARTIES DU « SECRET »
DANS LA RÉDACTION QU'EN A FAITE SŒUR LUCIE
DANS LE « TROISIÈME MÉMOIRE » DU 31 AOÛT 1941
DESTINÉ A L'ÉVÊQUE DE LEIRIA-FATIMA
(texte original)
(traduction)
« Je devrai, pour cela, parler un peu du secret et répondre à la première question.En quoi consiste le secret ? Il me semble que je peux le dire puisque le Ciel m'en a déjà donné la permission. Les représentants de Dieu sur la terre m'ont eux aussi autorisée à le faire, à plusieurs reprises, par lettres. Je crois que Votre Excellence a conservé l'une d'elles, celle du Père José Bernardo Gonçalves, dans laquelle il m'ordonne d'écrire au Saint-Père. Un des points qu'il m'indique est la révélation du secret. J'en ai déjà dit quelque chose, mais pour ne pas trop allonger cet écrit, qui devait être bref, je me suis limitée à l'indispensable, laissant à Dieu l'occasion d'un moment plus favorable. J'ai déjà exposé, dans le deuxième écrit, le doute qui m'avait tourmentée du 13 juin au 13 juillet, et qui disparut lors de cette dernière apparition. Bien. Le secret comporte trois choses distinctes, et je vais en dévoiler deux. La première fut la vision de l'Enfer. Notre-Dame nous montra une grande mer de feu, qui paraissait se trouver sous la terre et, plongés dans ce feu, les démons et les âmes, comme s'ils étaient des braises transparentes, noires ou bronzées, avec une forme humaine. Ils flottaient dans cet incendie, soulevés par les flammes, qui sortaient d'eux-mêmes, avec des nuages de fumée. Ils retombaient de tous côtés, comme les étincelles retombent dans les grands incendies, sans poids ni équilibre, avec des cris et des gémissements de douleur et de désespoir qui horrifiaient et faisaient trembler de frayeur. Les démons se distinguaient par leurs formes horribles et dégoûtantes d'animaux épouvantables et inconnus, mais transparents et noirs. Cette vision dura un moment, grâce à notre bonne Mère du Ciel qui auparavant nous avait prévenus, nous promettant de nous emmener au Ciel (à la première apparition). Autrement, je crois que nous serions morts d'épouvante et de peur. Ensuite nous levâmes les yeux vers Notre-Dame, qui nous dit avec bonté et tristesse : — Vous avez vu l'enfer où vont les âmes des pauvres pécheurs. Pour les sauver, Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur immaculé. Si l'on fait ce que je vais vous dire, beaucoup d'âmes seront sauvées et on aura la paix. La guerre va finir. Mais si l'on ne cesse d'offenser Dieu, sous le pontificat de Pie XI en commencera une autre pire encore. Lorsque vous verrez une nuit illuminée par une lumière inconnue, sachez que c'est le grand signe que Dieu vous donne, qu'Il va punir le monde de ses crimes par le moyen de la guerre, de la faim et des persécutions contre l'Église et le Saint-Père. Pour empêcher cette guerre, je viendrai demander la consécration de la Russie à mon Cœur immaculé et la communion réparatrice des premiers samedis. Si on accepte mes demandes, la Russie se convertira et on aura la paix ; sinon elle répandra ses erreurs à travers le monde, provoquant des guerres et des persécutions contre l'Église. Les bons seront martyrisés, le Saint-Père aura beaucoup à souffrir, diverses nations seront détruites. À la fin, mon Cœur immaculé triomphera. Le Saint-Père me consacrera la Russie, qui se convertira, et il sera concédé au monde un certain temps de paix ».(7) (6) Dans le « quatrième mémoire » du 8 décembre 1941, Sœur Lucie écrit : « Je commence donc mon nouveau devoir et j'obéirai aux ordres de Votre Excellence Révérendissime et aux désirs du Docteur Galamba. Hormis la part du secret qu'il ne m'est pas permis de révéler maintenant, je dirai tout. Je ne tairai rien volontairement. J'admets que je pourrai oublier quelques détails de minime importance ».
(7) Dans le « quatrième mémoire » cité précédemment, Sœur Lucie ajoute : « Au Portugal, se conservera toujours le dogme de la foi, etc. ».
TROISIÈME PARTIE DU « SECRET »
(texte original)
TRADUCTION
« J.M.J.La troisième partie du secret révélé le 13 juillet 1917 dans la Cova de Iria-Fatima. J'écris en obéissance à Vous, mon Dieu, qui me le commandez par l'intermédiaire de son Exce Rév.me Monseigneur l'Évêque de Leiria et de Votre Très Sainte Mère, qui est aussi la mienne. Après les deux parties que j'ai déjà exposées, nous avons vu sur le côté gauche de Notre-Dame, un peu plus en hauteur, un Ange avec une épée de feu dans la main gauche ; elle scintillait et émettait des flammes qui, semblait-il, devaient incendier le monde ; mais elles s'éteignaient au contact de la splendeur qui émanait de la main droite de Notre-Dame en direction de lui ; l'Ange, indiquant la terre avec sa main droite, dit d'une voix forte : Pénitence ! Pénitence ! Pénitence ! Et nous vîmes dans une lumière immense qui est Dieu : “Quelque chose de semblable à la manière dont se voient les personnes dans un miroir quand elles passent devant” un Évêque vêtu de Blanc, “nous avons eu le pressentiment que c'était le Saint-Père”. Divers autres Évêques, Prêtres, religieux et religieuses monter sur une montagne escarpée, au sommet de laquelle il y avait une grande Croix en troncs bruts, comme s'ils étaient en chêne-liège avec leur écorce ; avant d'y arriver, le Saint-Père traversa une grande ville à moitié en ruine et, à moitié tremblant, d'un pas vacillant, affligé de souffrance et de peine, il priait pour les âmes des cadavres qu'il trouvait sur son chemin; parvenu au sommet de la montagne, prosterné à genoux au pied de la grande Croix, il fut tué par un groupe de soldats qui tirèrent plusieurs coups avec une arme à feu et des flèches ; et de la même manière moururent les uns après les autres les Évêques les Prêtres, les religieux et religieuses et divers laïcs, hommes et femmes de classes et de catégories sociales différentes. Sous les deux bras de la Croix, il y avait deux Anges, chacun avec un arrosoir de cristal à la main, dans lequel ils recueillaient le sang des Martyrs et avec lequel ils irriguaient les âmes qui s'approchaient de Dieu.
Tuy - 3-1-1944 »
(8) Dans la traduction, on a respecté le texte original, même dans les imprécisions de ponctuation, qui n'empêchent d'ailleurs pas la compréhension de ce que la voyante a voulu dire.
INTERPRETATION DU « SECRET »
LETTRE DE JEAN-PAUL II
À SŒUR LUCIE
(texte original)
(traduction)
Révérende Sœur
Maria Lucia Couvent de Coimbra Je serai heureux de pouvoir vous rencontrer au cours du jour attendu de la béatification de Francisco et Jacinta que, si Dieu le veut, je proclamerai le 13 mai prochain. Comme il n'y aura cependant pas de temps pour une rencontre mais seulement pour une brève salutation, j'ai expressément chargé Monseigneur Tarcisio Bertone, Secrétaire de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, de venir s'entretenir avec vous. C'est la Congrégation qui collabore le plus étroitement avec le Pape pour la défense de la vraie foi catholique et qui a conservé, comme vous le savez, depuis 1957, votre lettre manuscrite contenant la troisième partie du secret révélé le 13 juillet 1917 dans la Cova de Iria, à Fatima. Monseigneur Bertone, accompagné de l'évêque de Leiria, Monseigneur Serafim de Sousa Ferreira e Silva, vient en mon nom pour vous poser quelques questions sur l'interprétation de la « troisième partie du secret ». Révérende Sœur Maria Lúcia, parlez très ouvertement et sincèrement à Monseigneur Bertone, qui me transmettra directement vos réponses. Je prie ardemment la Mère du Ressuscité pour vous, pour la communauté de Coimbra et pour toute l'Église. Que Marie, Mère de l'humanité en pèlerinage, nous tienne toujours proches de Jésus, son Fils bien-aimé et notre Frère, Seigneur de la vie et de la gloire. Avec une particulière Bénédiction apostolique.
JEAN-PAUL II.
Du Vatican, le 19 avril 2000
RENCONTRE AVEC SOEUR MARIA LUCIA DE JESUS E DO CORAÇÃO IMACULADO
Le rendez-vous de Sœur Lucie avec Monseigneur Tarcisio Bertone, Secrétaire de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, envoyé du Saint-Père, et de Monseigneur Serafim de Sousa Ferreira e Silva, Évêque de Leiria-Fatima, a eu lieu le jeudi 27 avril dernier, dans le Carmel de Sainte-Thérèse à Coimbra.
Sœur Lucie était lucide et sereine ; elle était très contente de la venue du Saint-Père à Fatima, pour la béatification de Francisco et Jacinta, qu'elle attendait depuis longtemps.
L'évêque de Leiria-Fatima lut la lettre autographe du Saint-Père qui expliquait les motifs de la visite. Sœur Lucie s'est sentie honorée et elle la relut personnellement, la contemplant dans ses mains. Elle s'est dite disposée à répondre franchement à toutes les questions.
Monseigneur Tarcisio Bertone lui présente alors les deux enveloppes : l'enveloppe extérieure et celle qui contient la lettre avec la troisième partie du « secret » de Fatima, et elle affirme aussitôt, la touchant avec ses doigts : « C'est mon papier », et puis en la lisant : « C'est mon écriture ».
Avec l'aide de l'évêque de Leiria-Fatima, le texte original, qui est en portugais, est lu et interprété. Sœur Lucie partage l'interprétation selon laquelle la troisième partie du « secret » consiste en une vision prophétique, comparable à celles de l'histoire sainte. Elle réaffirme sa conviction que la vision de Fatima concerne avant tout la lutte du communisme athée contre l'Église et les chrétiens, et elle décrit l'immense souffrance des victimes de la foi du vingtième siècle.
À la question : « le personnage principal de la vision est-il le Pape ? », Sœur Lucie répond immédiatement par l'affirmative et elle rappelle que les trois petits bergers étaient très tristes des souffrances du Pape, et que Jacinta répétait : « Coitadinho do Santo Padre, tenho muita pena dos pecadores ! » (« Pauvre Saint-Père, il a beaucoup de peine pour les pécheurs ! »). Sœur Lucie continue : « Nous ne connaissions pas le nom du Pape, la Vierge ne nous a pas donné le nom du Pape, nous ne savions pas s'il s'agissait de Benoît XV ou de Pie XII ou de Paul VI ou de Jean-Paul II, mais c'était le Pape qui souffrait et cela nous faisait aussi souffrir ».
Quant au passage concernant l'évêque vêtu de blanc, à savoir le Saint-Père — comme le perçurent immédiatement les petits bergers durant la « vision » — qui est blessé à mort et qui tombe par terre, Sœur Lucie partage pleinement l'affirmation du Pape : « Ce fut une main maternelle qui guida la trajectoire du projectile et le Pape agonisant s'arrêta au seuil de la mort » (Jean-Paul II, Méditation avec les évêques italiens depuis l'hôpital polyclinique Gemelli, 13 mai 1994).
Alors que Sœur Lucie, avant de remettre à l'évêque de Leiria-Fatima de l'époque la lettre scellée contenant la troisième partie du « secret », avait écrit sur l'enveloppe extérieure qu'elle pouvait être ouverte seulement après 1960, soit par le Patriarche de Lisbonne soit par l'évêque de Leiria, Monseigneur Bertone lui demande : « Pourquoi l'échéance de 1960 ? Est-ce la Vierge qui avait indiqué cette date ? Sœur Lucie répond : « Ça n'a pas été Notre-Dame, mais c'est moi qui ai mis la date de 1960, car, selon mon intuition, avant 1960, on n'aurait pas compris, on aurait compris seulement après. Maintenant on peut mieux comprendre. J'ai écrit ce que j'ai vu, l'interprétation ne me regarde pas, elle regarde le Pape ».
Enfin, est mentionné le manuscrit non publié que Sœur Lucie a préparé comme réponse à de nombreuses lettres de fidèles de la Vierge et de pèlerins. L'œuvre porte le titre « Os apelos da Mensagen de Fatima » et contient des pensées et des réflexions qui expriment ses sentiments et sa spiritualité simple et limpide, sous forme catéchétique et parénétique. Il lui a été demandé si elle était contente qu'elle soit publiée ; elle répondit : « Si le Saint-Père est d'accord, je suis contente, autrement j'obéis à ce que décide le Saint-Père ». Sœur Lucie désire soumettre le texte à l'approbation de l'Autorité ecclésiastique, et nourrit l'espoir de contribuer, par son écrit, à guider les hommes et les femmes de bonne volonté sur le chemin qui conduit à Dieu, but ultime de toute attente humaine.
La rencontre se termine par un échange de chapelets : à Sœur Lucie est remis celui qui a été donné par le Saint-Père, et elle, à son tour, remet quelques chapelets qu'elle a personnellement confectionnés.
La Bénédiction donnée au nom du Saint-Père conclut l'entretien.
Le 13 mai 2000, au cours de la cérémonie de béatification de Francisco et Jacinta Marto, et après l'homélie de Jean-Paul II, le cardinal Sodano prit la parole en portugais. Il présenta ses vœux au pape à l'occasion de son quatre-vingtième anniversaire, puis le cardinal créa la surprise en ajoutant : « A l'occasion de l'événement solennel de sa venue à Fatima, le souverain pontife m'a chargé de vous faire une annonce. Comme vous le savez, le but de sa visite à Fatima a été la béatification des deux petits bergers. Mais il veut aussi donner à ce pèlerinage le sens d'un geste renouvelé de gratitude envers la Madone, pour la protection qu'elle lui a accordée durant ses années de pontificat. C'est une protection qui semble concerner aussi ce qu'on appelle la troisième partie du secret de Fatima. Ce texte constitue une vision prophétique comparable à celles de l'Ecriture sainte, qui ne décrivent pas de manière photographique les détails des événements à venir, mais qui résument et condensent sur un même arrière-fond des faits qui se répartissent dans le temps en une succession et une durée qui ne sont pas précisées. Par conséquent, la clé de lecture du texte ne peut que revêtir un caractère symbolique. La vision de Fatima concerne surtout la lutte des systèmes athées contre l'Eglise et contre les chrétiens. Elle décrit l'immense souffrance des témoins de la foi du dernier siècle du deuxième millénaire. C'est une interminable via Crucis, guidée par les papes du XXe siècle. Selon l'interprétation des petits bergers, interprétation confirmée récemment par sœur Lucie, "l'Evêque vêtu de blanc" qui prie pour tous les fidèles est le Pape. Lui aussi, marchant péniblement vers la Croix parmi les cadavres des personnes martyrisées (évêques, prêtres, religieux, religieuses et nombreux laïcs), tombe à terre comme mort, sous les coups d'une arme à feu. Après l'attentat du 13 mai 1981, il apparut clairement à Sa Sainteté qu'il y avait eu "une main maternelle pour guider la trajectoire du projectile", permettant au « pape agonisant » de s'arrêter "au seuil de la mort" ». Immédiatement les radios et télévisions diffusent un flash spécial : « le troisième secret de Fatima est officiellement connu : il annonce l'attentat dont Jean-Paul II fut victime le 13 mai 1981 et la souffrance des témoins de la foi au cours du XXè siècle ». Le lendemain, les journaux font une large place à cette information centrée presque exclusivement sur la tentative d'attentat contre le pape dix-neuf ans plus tôt, mais pas un — et surtout pas le journal « La Croix » — ne relève déjà l'imposture : le cardinal Sodano dit, en effet, que « la clé de lecture du texte [du troisième secret] ne peut que revêtir un caractère symbolique » et qu'il résume « des faits qui se répartissent dans le temps en une succession et une durée qui ne sont pas précisées ». Or, entre mai et octobre 1917 au cours des six apparitions, la Sainte Vierge a toujours donné des dates précises : « Si l'on ne cesse d'offenser Dieu, sous le règne de Pie XI en commencera une autre pire »; en outre, jamais elle n'a employé des symboles pour s'exprimer, ne laissant ainsi aucune place à de multiples interprétations. En fin de déclaration, le cardinal Sodano commet une lourde erreur qui trahit la sincérité de ses propos. Il dit, en effet, que « la troisième partie du secret de Fatima semble appartenir au passé », oubliant dans l'emportement que les paroles de la Sainte Vierge datent de 1917 et qu'à cette époque elles avaient un caractère prophétique. Si le cardinal Sodano était en train de communiquer le véritable troisième secret, il se serait placé en 1917 et non en l'an 1981. Enfin, le cardinal précisait : « Pour permettre aux fidèles de mieux recevoir le message de la Vierge de Fatima, le pape a confié à la Congrégation pour la doctrine de la Foi le soin de rendre publique la troisième partie du secret, après en avoir préparé un commentaire approprié. » PRÉSENTATION DU DOCUMENT À LA PRESSE Initialement annoncé pour le 15 juin 2000, le document intitulé « le message de Fatima » sera rendu publique, au cours d'une conférence de presse, que le 26 du même mois. Le cardinal Ratzinger, assisté de Mgr. Bertone, présenta un dossier de quarante-cinq pages comportant : - la photocopie du manuscrit de sœur Lucie, daté du 3 janvier 1944, avec sa traduction officielle, - le manuscrit et les traductions des deux premières parties du secret, - une lettre de Jean-Paul Il à sœur Lucie, datée du 19 avril 2000, soit trois semaines avant la cérémonie de béatification de François et Jacinthe, - le compte rendu d'une rencontre entre Mgr Bertone et sœur Lucie, le 27 avril 2000, au carmel de Coimbra, - la déclaration du cardinal Sodano, le 13 mai à Fatima, - un commentaire théologique du cardinal Ratzinger. Ce dossier a été quasiment occulté par les radios et télévisions; seuls certains journaux ont fait une large place à la publication officielle du document, se limitant juste à retracer les événements de 1917 sans analyser le contenu des nouveaux textes, montrant même un certain scepticisme. L'annonce très médiatique du 13 mai ne laissait guère de prise à la curiosité, dans la mesure où elle consiste à renvoyer Fatima à l'Histoire, faisant du "Secret" une vision allégorique du siècle passé. Autant dire, donc, que pour la plupart des catholiques, le « Troisième Secret » restera celui de l'attentat du pape Jean-Paul II, le 13 mai 1981, place Saint Pierre. C'est sans nulle doute le but de la manœuvre en publiant le document un mois et demi après le voyage du pape à Fatima. LES TROIS PARTIES DU SECRET Mgr. Joseph Ratzinger, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi et Mgr. Tarcisio Bertone, secrétaire de cette congrégation communiquent les deux premières parties du Secret et donnent pour authentique le texte de la troisième. Nous savons que la Sainte Vierge communiqua le 13 juillet 1917 un secret en trois parties dont voici le récit de la vision et le Message de la Sainte Vierge, d'après les écrits de sœur Lucie : 1°) La vision « [Notre-Dame] ouvrit de nouveau les mains, comme les deux derniers mois [en mai et juin 1917]. Le reflet (de la lumière) parut pénétrer la terre et nous vîmes comme un océan de feu. Plongés dans ce feu nous voyions les démons et les âmes (les damnés). Celles-ci étaient comme des braises transparentes, noires ou bronzées, ayant formes humaines. Elles flottaient dans cet incendie, soulevées par les flammes qui sortaient d'elles-mêmes, avec des nuages de fumée. Elles retombaient de tous côtés, comme des étincelles dans les grands incendies, sans poids ni équilibre, au milieu des cris et des gémissements de douleur et de désespoir qui horrifiaient et faisaient trembler de frayeur. (C'est à la vue de ce spectacle que j'ai dû pousser ce cri "Aïe !" que l'on dit avoir entendu de moi). Les démons se distinguaient (des âmes des damnés) par des formes horribles et répugnantes d'animaux effrayants et inconnus, mais transparents comme de noirs charbons embrasés. Cette vision ne dura qu'un moment, grâce à notre bonne Mère du Ciel qui, à la première apparition, nous avait promis de nous emmener au Ciel. Sans quoi, je crois que nous serions morts d'épouvante et de peur. » 2°) Le Message de Notre-Dame « Effrayés, et comme pour demander secours, nous levâmes les yeux vers Notre-Dame qui nous dit avec bonté et tristesse : [Premier Secret] « Vous avez vu l'enfer où vont les âmes des pauvres pécheurs. Pour les sauver, Dieu veut établir dans le monde la dévotion de mon Cœur Immaculé. Si l'on fait ce que Je vais vous dire, beaucoup d'âmes se sauveront et l'on aura la paix. La guerre va finir, mais si l'on ne cesse d'offenser Dieu, sous le règne de Pie XI commencera une pire encore. Quand vous verrez une nuit illuminée par une lumière inconnue, sachez que c'est le grand signe que Dieu vous donne qu'Il va punir le monde de ses crimes, par le moyen de la guerre, de la famine et des persécutions contre l'Eglise et le saint-Père. [Deuxième Secret] Pour empêcher cela, je viendrai demander la consécration de la Russie à mon Cœur Immaculé et la communion réparatrice des premiers samedis du mois. Si l'on écoute mes demandes, la Russie se convertira et l'on aura la paix; sinon, elle répandra ses erreurs à travers le monde, provoquant des guerres et des persécutions contre l'Eglise. Les bons seront martyrisés, le Saint-Père aura beaucoup à souffrir, plusieurs nations seront anéanties. À la fin mon Cœur Immaculé triomphera. Le Saint-Père me consacrera la Russie qui se convertira, et il sera donné au monde un certain temps de paix. [Troisième Secret] Au Portugal, se conservera toujours le dogme de la foi, etc. Cela, ne le dites à personne, à François, oui, vous pouvez le dire. » 3°) Analyse Comme nous pouvons le constater, la première phrase de l'authentique troisième secret commence par : « Au Portugal se conservera toujours le dogme de la Foi, etc. » et vient à la suite du deuxième secret. Sœur Lucie n'a jamais intercalé une nouvelle vision ni même laissé entendre qu'un interlude existait entre les deux. Au contraire, la Vierge commence à délivrer son secret par : « Vous avez vu l'enfer où vont les âmes des pauvres pécheurs. » et termine par ces mots : « Cela, ne le dites à personne, à François, oui, vous pouvez le dire. » Or, ces derniers mots sont d'une extrême importance car François, au cours de toutes les Apparitions de Notre-Dame a toujours vu mais n'a jamais rien entendu des paroles célestes. S'il y avait eut une vision, comme veut nous le faire croire le Vatican, la Sainte Vierge n'aurait pas dit : « Cela, ne le dites à personne, à François, oui, vous pouvez le dire. », car une vision ne se dit pas mais se raconte. L'abbé Paul Kramer note que, « contre toute attente, le texte officiel du troisième secret ne contient pas d'autres paroles de Notre-Dame de Fatima. Il semble difficile de croire que les paroles de Notre-Dame de Fatima aient une fin ambiguë — ‘... etc’ — Où est le reste de ce que Notre-Dame de Fatima a dit ? » L'abbé Kramer a noté en outre que « l'avis du Vatican, en 1960, concernant sa décision de ne pas publier le troisième Secret cette année là fait référence spécifiquement à la décision de ne pas révéler les paroles de Notre-Dame qui figurent dans le texte du Secret. Mais le texte du troisième secret publié en 2000 ne contient aucunes paroles de Notre-Dame [ndlr : venant à la suite de : "Au Portugal se conservera toujours le dogme de la foi, ... etc."]. Cela soulève une question grave, dans l'esprit de beaucoup de gens ». Nous avons donc la preuve formelle que la troisième partie du secret ne contient qu'un ensemble de paroles de Notre-Dame et qu'il n'y a donc aucune vision. Or, le Vatican nous en présente une : LE TEXTE DU TROISIÈME SECRET SELON LE VATICAN « Après les deux parties que j'ai déjà exposées, nous avons vu sur le côté gauche de Notre-Dame, un peu plus en hauteur, un Ange avec une épée de feu dans la main gauche; elle scintillait et émettait des flammes qui, semblait-il, devaient incendier le monde; mais elles s'éteignaient au contact de la splendeur qui émanait de la main droite de Notre-Dame en direction de lui; l'Ange, indiquant la terre avec sa main droite, dit d'une voix forte : Pénitence ! Pénitence ! Pénitence ! Et nous vîmes dans une lumière immense qui est Dieu : "Quelque chose de semblable à la manière dont se voient les personnes dans un miroir quand elles passent devant" un Evêque vêtu de Blanc, "nous avons eu le pressentiment que c'était le Saint-Père". Divers autres Évêques, Prêtres, religieux et religieuses monter sur une montagne escarpée, au sommet de laquelle il y avait une grande Croix en troncs bruts, comme s'ils étaient en chêne-liège avec leur écorce; avant d'y arriver, le Saint-Père traversa une grande ville à moitié en ruine et, à moitié tremblant, d'un pas vacillant, affligé de souffrance et de peine, il priait pour les âmes des cadavres qu'il trouvait sur son chemin; parvenu au sommet de la montagne, prosterné à genoux au pied de la grande Croix, il fut tué par un groupe de soldats qui tirèrent plusieurs coups avec une arme à feu et des flèches; et de la même manière moururent les uns après les autres les Évêques, les Prêtres, les religieux et religieuses et divers laïcs, hommes et femmes de classes et de catégories sociales différentes. Sous les deux bras de la Croix, il y avait deux Anges, chacun avec un arrosoir de cristal à la main, dans lequel ils recueillaient le sang des Martyrs et avec lequel ils irriguaient les âmes qui s'approchaient de Dieu. — Tuy, le 3 janvier 1944. » ANALYSE CRITIQUE DU DOCUMENT DE Mgr. BERTONE Dans son exposé, le secrétaire de la Congrégation met l'accent sur les consécrations du monde au Cœur Immaculé de Marie faites par Jean-Paul II le 7 juin 1981 et le 25 mars 1984. Pour prouver que cette consécration a été faite, il présente une lettre de sœur Lucie écrite le 8 novembre 1989 sur laquelle il est écrit : « Cela a été fait, comme Notre-Dame l'avait demandé, le 25 mars 1984 ». Ces consécrations ne peuvent être tenues comme valablement réalisées "comme Notre-Dame l'avait demandé" car elles ne mentionnent pas la Russie de façon explicite. Cette lettre, prétendument attribuée à Sœur Lucie, a été diffusée en 1989 par les autorités religieuses de Fatima, dans le cadre d'une véritable campagne d'intoxication et de désinformation (dont l'origine semble être certains personnages très haut placés du Vatican) destinée à faire croire à l'opinion publique que la consécration du 25 mars 1984 répondait en tous points à la consécration demandée par Notre-Dame. En fait, ce n'est pas une lettre mais cinq qui furent attribuées à la voyante (voir (2) de la contribution n° 11 au forum). Certaines de ces lettres contiennent de grossières erreurs sur les événements de Fatima, et la seule critique interne de ces cinq documents suffit à montrer qu'il s'agit de lettres apocryphes : elles ne contiennent pas le moindre élan de dévotion pour le Cœur Immaculé de Marie; elles développent des thèmes rhétoriques étrangers à Sœur Lucie; enfin, elles sont rédigées dans un esprit absolument contraire au cœur et à l'âme si simples et si dévots de Sœur Lucie. Nous l'avons vu, le troisième Secret commence par : « Au Portugal se conservera toujours le dogme de la foi, etc. ». Curieusement, dans le document de la congrégation, cette phrase est supprimée dans le texte supposé original du troisième secret et n'apparaît qu'en note (note 7). Cette partie avait été rédigée par Lucie en 1944 qui déclara plus tard : « En l'écrivant, j'ai en quelque sorte révélé le secret. ». Cette phrase introductive du troisième secret concerne avec certitude la perte de la Foi et l'apostasie : Les déclarations faites depuis 60 ans par ceux qui ont lu le véritable troisième secret — Y compris le cardinal Ratzinger — ne laissent aucun doute sur ce point; mais la vérité fait peur aux prélats, qui pour la plupart sont francs-maçons : en 1966, le Père Alonso fut nommé expert officiel de Fatima et écrivit quatorze volumes d'après les entretiens qu'il avait eu avec sœur Lucie. Le Vatican lui a interdit formellement de publier quoi que ce soit sur les Apparitions et le Secret. En 1982, peu avant sa mort, il rédige tout de même un article dans lequel il écrit : « Une révélation du secret aurait conforté un traditionalisme qui se serait cru assisté par les prophéties de Fatima et le progressisme aurait hurlé contre les apparitions qui, d'une manière si scandaleuse, sembleraient freiner la marche en avant de l'Eglise conciliaire », mais la Congrégation pour la doctrine de la foi dément en déclarant : « Jusqu'à présent, nous avons laissé les intégristes suivre leur tragique chemin. En plus de l'appel fondamental à la pénitence, ce que le Vatican a montré d'important est la réfutation de la thèse principale des intégristes : le secret n'a rien à voir avec l'apostasie liée au Concile, au Nouvel Ordo [de la messe] et aux papes conciliaires, comme les intégristes le soutiennent depuis des décennies. Ce fait seul valait la peine de révéler ce secret. » Bien !, mais alors pourquoi interdire de publier aujourd'hui encore l'œuvre intégrale du Père Alonso ? Le Vatican aurait-il à cacher l'authentique troisième secret ? D'autre part, la Congrégation occulte la demande de la Sainte Vierge qui demanda que le Secret soit révélé au plus tard « en 1960, car alors ce serait plus clair ». Au regard des déclarations les plus sérieuses sur l'authentique troisième secret on peut en déduire que la Sainte Vierge voulait révéler ce secret à cette date pour mettre en garde le monde contre l'ouverture d'un concile pastoral Vatican II, qui laisserait entrer « les fumées de Satan » dans l'Eglise, de l'aveu même du pape Paul VI. Sur ce sujet, le 27 avril 2000, Mgr. Bertone demanda à la voyante pourquoi la Sainte Vierge lui avait dit « qu'à cette date [1960], il paraîtrait plus clair ». Sœur Lucie lui aurait répondu : « Ca n'a pas été Notre-Dame mais moi qui ai mis la date de 1960 car, selon mon intuition, avant 1960, on n'aurait pas compris, on aurait compris seulement après. Maintenant, on peut mieux comprendre. » Comment donc, sœur Lucie aurait-elle pu avoir une telle « intuition » en 1944 (soit seize ans avant l'année 1960) sans une indication du Ciel ? Aussi, doit-on prendre avec une grande réserve le compte rendu de la rencontre de sœur Lucie avec le prélat, d'autant plus que ce dernier affirme que, lors de l'entretien, la religieuse a confirmé intégralement l'interprétation du texte qui lui était présenté. Or, la voyante a précisé : « J'ai écrit ce que j'ai vu [sans doute parlait-elle du seul tableau de la vision du 13 juillet 1917]. L'interprétation ne me regarde pas, elle regarde le pape. », laissant ainsi clairement entendre qu'elle ne cautionne pas le texte présenté par le Vatican. LETTRE ATTRIBUÉE A SŒUR LUCIE Le Vatican nous présente t-il, une fois de plus, une fausse lettre ? Nous ne pouvons répondre que par l'affirmative puisqu'il a été prouvé ci-dessus que la vision du 13 juillet 1917 ne contient qu'un ensemble de paroles de Notre-Dame. Le contenu et le sens du texte de la vision présenté le 26 juin 2000 diffèrent de la déclaration faite par le cardinal Sodano. Le 13 mai, ce dernier parlait « d'un évêque vêtu de blanc » qui « tombe à terre comme mort, sous les coups d'une arme à feu », affirmant qu'il s'agit du pape Jean-Paul II. Le texte officiel donne une toute autre version : l'évêque vêtu de Blanc est « tué par un groupe de soldats qui tirèrent plusieurs coups avec une arme à feu et des flèches ». Or, le pape ne fut pas tué par des soldats, mais fut victime d'un attentat politique dont les tueurs étaient des professionnels du crime. De plus, la traduction littérale du texte, écrit en portugais, ne dit pas que l'Evêque vêtu de Blanc fut tué par « une arme à feu ». La bonne traduction est la suivante : « ... il fut tué par un groupe de soldats qui lui tirèrent plusieurs coups et des flèches ». Cette altération a sans doute pour but de donner un crédit à la déclaration très confuse du cardinal Sodano car on le voit bien en lisant la lettre que nous donne la congrégation : on ne peut pas dire que cet « évêque vêtu de Blanc » soit le pape Jean-Paul II. D'ailleurs, au cours de la conférence de presse du 26 juin, le cardinal Ratzinger est resté sur ce point assez en retrait des propos de tous ceux qui ont, depuis la cérémonie de béatification des deux petits voyants, commenté le discours du cardinal Sodano en affirmant qu'il avait déclaré que le troisième Secret avait annoncé l'attentat dont Jean-Paul II a été victime en 1981. Autre élément qui fait fortement douter de l'authenticité du texte est l'expression « l'évêque vêtu de Blanc », car dans toutes les Apparitions, la Sainte Vierge emploie l'expression « le Saint Père ». Bien sur, on peux penser que le dépôt de la tiare par Paul VI, le 13 novembre 1964, en signe de renonciation à la souveraineté du Pontife romain, donnerait une légitimité au prétendu troisième secret, puisque le pape est vêtu de blanc; toutefois il n'en reste pas moins le Souverain Pontife, donc chef de l'Eglise et Pape. On ne peut dès lors le considérer comme un évêque, même s'il est « vêtu de Blanc ». ANALYSE CRITIQUE DU DOCUMENT DU CARDINAL RATZINGER Le cardinal Ratzinger croit « reconnaître le siècle écoulé comme le siècle des martyrs, comme le siècle des souffrances et des persécutions de I'Église, comme le siècle des guerres mondiales et de beaucoup de guerres locales, qui en ont rempli toute la seconde moitié et qui ont fait faire l'expérience de nouvelles formes de cruauté ». Cet argument ne tient pas car de tous temps il y a eu des martyrs, des souffrances, des persécutions contre l'Eglise, et des guerres. Aussi, la prétendue vision aurait pu parfaitement s'appliquer à toute autre époque antérieure au XXème siècle puisque aucun élément ne permet d'affirmer avec certitude qu'elle concerne « la seconde moitié » de cette fin de millénaire. Au cours de son Histoire, l'Eglise et les chrétiens des premiers siècles n'ont pas été épargnés par des persécutions physiques très violentes et cruelles, et le nombre de martyrs ayant souffert la mort par fidélité au Christ est considérable. Nombreux aussi ont été les papes tombés sous les coups d'un attentat : a) Papes victimes d'un attentat ou assassinés : Calixte I : victime d'une émeute soulevée contre les chrétiens, en 222. Lorsque Calixte prit place à la tête de l'Eglise de Rome, il avait eu déjà une vie aventureuse et mouvementée car c'était un ancien esclave. Son maître, familier de l'empereur Commode qui régna de 180 à 192, l'avait chargé à l'époque d'opérations financières. Calixte, trompé par les juifs, y laissa l'argent de son maître et celui que ses frères chrétiens lui avaient confié. Effrayé, il s'enfuit, fut repris et emprisonné. Mais son maître préféra s'en remettre à son habileté et à sa probité. Relâché, Calixte parvint à récupérer les sommes que les juifs lui avaient soustraites, ce qui lui valut d'être dénoncé par eux comme chrétien. On le déporta en Sardaigne. Gracié, il revint à Rome sous le pontificat de Victor qui lui accorda une pension annuelle. Le clergé le désigna alors pour être diacre. Choisi par Zéphyrin comme auxiliaire, il était acclamé Pape à l'unanimité par le clergé romain à la mort de ce pontife en 217. Sur la chaire de saint Pierre, Calixte apporta la prudence et le savoir-faire que lui valaient ses qualités d'hommes d'affaires. Tertullien et Hippolyte lui en feront le reproche en le traitant d' « équilibriste ». Sixte II : décapité par des soldats le 6 août 258, alors qu'il célébrait la messe. Suite à un édit de l'empereur Valérien, signé en 257, les chefs hiérarchiques de l'Eglise furent persécutés. Saint Etienne, alors Pape, prit le chemin de l'exil. Sixte II avait été élu à la place d'Etienne. Il entreprend aussitôt de correspondre avec saint Cyprien pour renouer les relations entre le Saint-Siège et l'évêque de Carthage. Mais les événements s'opposaient à l'activité que souhaitait déployer le nouveau Pape. En 258, un second édit ordonne aux évêques, prêtres, diacres et chrétiens de l'aristocratie d'adjurer sous peine d'être décapités et d'avoir leurs biens confisqués. C'est ainsi que, le 6 août 258, Sixte II, prêchant dans une chapelle souterraine du cimetière de Prétextat, est arrêté, jugé puis ramené au cimetière pour y être mis à mort. On le décapita sur sa propre chaire. A l'occasion de cette même persécution, saint Laurent à Rome, saint Cyprien à Carthage, saint Fructueux à Tarragone, subirent le martyre. Etienne I : emprisonné, puis décapité en 260. Il fut élu Pape après la mort de Lucius I, sous l'empire de Valérien et de Gallien son fils, qui, durant son pontificat, persécutèrent cruellement l'Eglise. De nombreux chrétiens furent sauvagement tués. La peur fut si grande, que certains se cachaient dans les cavernes et même dans les sépulcres des morts. Le saint pontife Etienne I fut de ceux-là; ayant entendu dire que les empereurs avaient fait publier un Edit par lequel quiconque pouvait dénoncer un chrétien, en échange de quoi il en serait récompensé, le pape convoqua le clergé de Rome et leur dit : « Mes frères et soldats de Jésus-Christ, vous avez déjà entendu parler de l'édit impie et diabolique que les empereurs ont publié contre nous, chrétiens : voici maintenant le temps de mépriser les biens de la terre, de peur de perdre celles du ciel. Ne craignons pas les princes du monde, mais seulement le Seigneur du ciel et de la terre, Jésus-Christ, qui nous délivrera de nos ennemis; et si nous mourons pour lui, nous serons bienheureux. » Par ces paroles, Etienne I fit plusieurs miracles, en témoignage de notre sainte foi, ce qui provoqua chez les empereurs un grand courroux contre lui et fut capturé avec un grand nombre de prêtres, de diacres et de clercs. Le saint Pape arrivant au temple pour y être condamné à mort, leva les yeux au ciel, en présence de tous les ministres et de l'empereur et fit cette prière du fond du cœur, et les larmes aux yeux : « Seigneur Dieu, qui renversâtes de votre bras puissant la tour de Babylone, je vous supplie humblement de détruire ce lieu où le diable est estimé dieu, et où l'impiété et la superstition sont librement exercées. » A peine eut-il achevé ces paroles, qu'on entendit un tonnerre épouvantable ; la foudre tomba du ciel, et ruina une grande partie de ce temple de Mars. Les soldats et les bourreaux s'enfuirent tout éperdus, et laissèrent le Pape Etienne I libre, ainsi que tous les chrétiens qui étaient avec lui. Mais l'empereur voulait par tous les moyens tuer le Pape et ordonna à neuf soldats d'accomplir cet ordre. Alors que le pontife disait la messe, ils vinrent pour le capturer. Bien que le saint Pape entendit le bruit des gens de guerre, il ne se troubla pas ; au contraire, il acheva dévotement le saint Sacrifice de la Messe qu'il avait commencé : c'est là qu'étant devant l'autel en sa chaire, les soldats lui coupèrent le cou, le 2 août 260. Jean I : brutalement capturé en 526, il meurt en prison. Ce pape eut un pontificat court mais orageux. L'empereur Justin avait décidé de retirer à ses sujets ariens l'usage de leurs églises et leurs droits civils. Théodoric furieux du grand nombre de fidèles que le catholicisme groupait, somma le Pape de se rendre à Constantinople pour demander à l'empereur Justin la rétractation de l'édit que ce dernier signa avec saint Hormisdas et revenir ainsi à l'hérésie des ariens récemment convertis. Jean I entreprit le voyage. C'était la première fois qu'un pape entrait à Constantinople. Magnifiquement accueilli, il obtint la rétractation de l'édit, mais ne demanda pas le retour à l'hérésie des nouveaux convertis. Théodoric se livra alors à des représailles, et jeta Jean I en prison sans l'épargner de mauvais traitements. Le Pape, déjà âgé, y mourut peu de jours après, le 18 mai 526. Martin I : brutalement capturé en 653, relégué en Chersonèse où il mourut. Il présida, en octobre 649, le concile romain de Latran. Cinq cent évêques y anathématisèrent le monothélisme, les deux édits impériaux, les chefs et complices de l'hérésie et le pape Honorius lui-même. Constant II, furieux, avait chargé, dès avant le concile, l'Exarque Olympios d'arrêter le Pape. Olympios avait échoué. Son successeur, Calliopos, réussit à entourer et occuper l'église et le palais de Latran et à s'emparer du Pape malade qu'il embarqua sur le Tibre et traîna, pendant un an, de prison en prison jusqu'à Constantinople. En 654, condamné sur de faux témoignages comme usurpateur, traître et blasphémateur, Martin fut déporté en Chersonèse et y mourut, par suite de mauvais traitements, le 15 décembre de la même année. Il est honoré comme un martyr. Léon III : agressé en 799 alors qu'il se rend en procession à la messe. Le jour même de la sépulture d'Hadrien Ier, son successeur était élu pape sous le nom de Léon III. Peu de temps après son élévation au trône pontifical, un cercle restreint de parents et d'officiers du pontife défunt, ne voyant pas se réaliser leurs ambitions, commencèrent à comploter sourdement contre lui. Léon III, qui se doutait de ces tentatives, demandait dès 796 à Charlemagne d'envoyer un représentant permanent à Rome pour assurer sa sécurité. Le 25 avril, le Pape se rendait en procession à Saint Laurent in Lucina. En face du monastère de Saint Sylvestre, il fut attaqué par une bande armée et resta seul aux mains de ses agresseurs, le cortège qui l'accompagnait, et n'avait pas d'armes, ayant pris la fuite. Seuls le primicier Pascal, neveu du précédent pape et le sacellaire ou payeur général Campulus demeurèrent auprès de lui. Ces deux personnages étaient complices de l'attentat. Les bandits tentèrent de crever les yeux du Pape et de lui arracher la langue. Roué de coups, le pontife fut transporté de nuit au monastère de Saint Erasme. Protégé par Charlemagne il regagna Rome le 29 novembre 800. Formose : déterré en 897 puis jeté dans le Tibre après avoir été amputé. A la presque unanimité des voix, Formose qui, depuis de longues années, jouait à Rome un rôle de premier plan, fut appelé à remplacer Etienne V. Il aurait mérité plus que tout autre l'épithète de «curieux homme». Sa valeur, ses vertus, sa culture étaient indiscutables. Son passé tourmenté, les compromissions auxquelles il s'était laissé aller jetaient une ombre fâcheuse sur sa personnalité. Quoi qu'il en soit, le pape Formose tenta mais vainement, à plusieurs reprises, de réformer l'Eglise. Il assembla, dans ce but, les conciles de Vienne en 892, de Rome en 893, de Chalon-sur-Saône en 894 et de Tribur en 895. Formose se laissa circonvenir par le parti spolétin et sacra empereur, à la mort de Guy, son fils Lambert. Conscient d'avoir commis une maladresse, il voulut la réparer en pratiquant une politique à double face et s'adressa au duc de Carinthie, Arnulf, candidat à l'Empire, lui demandant de venir le délivrer des mauvais chrétiens dont il était entouré. Plein d'ardeur, Arnulf, à la tête d'une armée marcha sur Rome. A ce moment, la veuve du duc Guy de Spolète avait pris en mains le gouvernement de Rome et un choc sanglant faillit se produire entre elle et le roi de Germanie. Celui-ci put entrer, grâce à un accident fortuit, dans la ville par la porte Saint-Pancrace. Recueilli sur les degrés de Saint-Pierre par le pape Formose, il reçut de ses mains la couronne impériale le 22 février 896. Agiltrude, veuve de Guy de Spolète, femme au caractère indomptable, ne pardonna jamais à Formose ce qu'elle appelait sa trahison. Elle devait poursuivre sa vengeance jusque sur le cadavre du Pape. Jean X : emprisonné en 928, il meurt étouffé en prison. Elu Pape en 914, il occupait auparavant le siège archiépiscopal de Ravenne. Il organisa une ligue des seigneurs d'Italie contre les Sarrasins sous la présidence de Bérenger, ancien adversaire de la Maison de Spolète que Jean X couronna (empereur en décembre 915. Le Pape lui-même se fit chef d'armée. On le vit charger à la tête des troupes et cette ardeur guerrière aboutit à l'expulsion des Maures de la péninsule. Marozie, fille du gouverneur de Ravenne, était mécontente de l'indépendance du Pape Jean X. Elle fit assassiner son frère au cours d'une émeute puis emprisonner le Pape lui-même qui périt, lâchement étouffé sous un oreiller, en 928. Jean XI : capturé en 931 et tenu sous garde étroite. Marozie fit donner le pontificat à son propre fils qui devint en 931 le pape Jean XI. En 932, Marozie se mariait en troisième noces. Son second fils Albéric, qui détestait le nouveau mari de sa mère, donna l'assaut au château Saint Ange. Le beau-père d'Albéric put s'enfuir mais Marozie fut faite prisonnière et mourut peu après. Dès lors, l'autorité dictatoriale passe aux mains du frère de Jean XI, tenu aussitôt sous garde étroite. Les papes n'ont plus de pouvoir temporel effectif, leur autorité spirituelle est grandement affaiblie et les monnaies de ce temps portent, à côté du nom du Pape régnant, celui d'Albéric qualifié de « Prince de tous les Romains ». Jean XI tenta de s'assurer un protecteur en Orient. Il fit proposer à l'Empereur un mariage l'unissant à la famille de Marozie mais la négociation n'eut pas de suites. Jean XIV : brutalement capturé, il est emprisonné et meurt en 984. Le pape Benoît VII mourut en 983. L'évêque de Pavie, Pierre, fut élu à sa place et changea son nom contre celui de Jean, par respect pour le Prince des Apôtres. Ses qualités d'homme d'Etat en avaient fait le candidat d'Otton II qui espérait, grâce à lui, pacifier l'Empire, toujours agité. Le 7 décembre 983, Jean XIV assistait à son lit de mort l'empereur Otton II. Dès le trépas de celui-ci, des troubles très graves éclatèrent en Allemagne, conséquence de l'ambition d'Henri de Bavière. Le contre-coup s'en fit sentir en Italie. A ce moment, en avril 984, l'antipape Boniface revenait dans la péninsule, accompagné d'une armée byzantine. Il pénétra dans Rome, fit arrêter Jean XIV et l'enferma au château Saint-Ange où jusqu'à sa mort, quatre mois après, il souffrit atrocement de la maladie et de la faim. Le 20 août 984 il fut assassiné dans la sombre cellule du château. Boniface VII : assassiné en 985, son corps est traîné dans Rome. En 984, l'antipape Boniface revint dans la péninsule, accompagné d'une armée byzantine. Il pénétra dans Rome, fit arrêter le pape Jean XIV et le fit enfermer dans la prison du château Saint-Ange. Dès lors l'antipape victorieux devint le pape Boniface VII. Il mourut un an plus tard en juillet 985. Les Romains qui le haïssaient pour sa rapacité, s'acharnèrent sur son cadavre en le traînant dans Rome. Eugène IV : obligé de s'enfuir de Rome, en 1434, pour éviter d'être capturé par les troupes romaines. Le duc de Milan, le cruel et dur Philippe-Marie Visconti envahissait les Etats de l'Eglise. Il en voulait au pape des faveurs accordées aux républiques de Florence et de Venise, ennemies de Milan, faveurs d'autant plus explicables qu'Eugène IV était vénitien. Les ennuis du pape provoquèrent des tumultes et soulevèrent la foule contre lui et sa famille. Eugène IV, après avoir nommé le condottière François Sforza défenseur de ses Etats, prit la fuite. Dans la nuit du 4 juin 1434, le pape, déguisé en bénédictin, partit à cheval avec un compagnon jusqu'à Ripagrande où était amarré un petit bateau appartenant à un certain Vitellio et piloté par un batelier fort et robuste nommé Valentin. Les romains s'aperçurent de la fuite du pape. Ils poursuivirent la barque, vainement il est vrai, et cherchèrent à l'atteindre avec des flèches et des pierres. Entre la basilique de Saint Paul et Ostie, une grosse barque tenta de stopper celle où se trouvait le Saint-Père, couché à fond de cale et dissimulé sous un grand bouclier. Valentin, avec beaucoup d'habileté évita la manœuvre et tanta même de couler à pic l'embarcation ennemie. Enfin, le Pape atteignit Ostie et là, put monter à bord d'une trième de Vitellio qui le conduisit en quelques jours à Pise, d'où il se rendit à Florence au couvent dominicain de Sainte Marie Nouvelle. Pie VI : emprisonné en 1798, puis déporté à Sienne, il mourut captif l'année suivante à Valence (France). Dès le début de son pontificat, Pie VI se heurta en Autriche aux prétentions qu'avait l'empereur Joseph II de se mêler de trop près des affaires ecclésiastiques dans ses Etats. L'empereur, entre autre, supprima plus de huit cent couvents. Face à cette situation, le pape décida de se rendre lui-même à Vienne, sans résultat. En dépit des soucis que lui donnaient ses difficultés avec Vienne, le pape ne prévoyait pas l'orage de la Révolution française. Quand la nouvelle en parvint à Rome, elle éclata comme un coup de tonnerre dans un ciel serein. Par deux Brefs successifs, émanants le 10 mars et le 13 avril 1791, Pie VI condamna la Constitution Civile du Clergé promulguée par le roi Louis XVI, le 24 août 1790. En 1796, le général Bonaparte, vainqueur en Italie, commençait à la rançonner. Le Pape, inquiet de la tournure que prenaient les événements, dépêcha auprès de lui à Milan le chevalier Azara, ministre d'Espagne et un prélat Mgr. Gnudi. Bonaparte se transporta à Bologne pour négocier. Il se contenta, pour cette fois, de deux millions de francs, de cinq cent manuscrits anciens, de cent statues, bustes et tableaux et des contributions imposées aux Légations pontificales. Joseph Bonaparte, frère du général, fut nommé ambassadeur de France à Rome. Le 15 février 1798 fut proclamé la République romaine et le pape Pie VI fut déchu de son autorité temporelle et on le fit aussitôt partir sous bonne escorte à Sienne. De là, le vieux pontife fut acheminé sur la Chartreuse du Val d'Ema près de Florence. La dernière étape de ce calvaire fut son transfert à Valence en Dauphiné où il devait mourir le 29 août 1799. Pie VII : pris en otage à Rome, en 1809, par les troupes de Napoléon. Le cardinal Barnabé Chiaramonti fut élu pape le 14 mars 1800 et prit le nom de Pie VII. Il fut couronné huit jours après dans l'église de Saint Georges le Majeur. Bonaparte, désormais Premier Consul, voulait la pacification religieuses de la France. Il engagea, dans ce but, des pourparlers avec le Saint Siège en vue d'un Concordat. Après six mois de négociations difficiles, le Concordat fut signé le 15 juillet 1801. Il comprenait un préambule de dix-sept articles. Le catholicisme n'y était reconnu que comme la «religion de la majorité des Français». Pie VII avait fait à Bonaparte d'énormes concessions. En revanche, le catholicisme reprenait, en France, sa place officielle. Pendant les trois premières années du pontificat de Pie VII, son entente avec Bonaparte fut complète. Ce temps vit, outre le Concordat, le retour à Rome des cendres de Pie VI et une réception brillante faite à Murat en 1802. Bonaparte, qui rêvait d'être un nouveau Charlemagne, voulut profiter des bonnes dispositions du Souverain Pontife pour se faire couronner Empereur par lui. Le Pape s'y montra d'ailleurs favorable. Le sacre eut lieu à Notre-Dame de Paris le 2 décembre 1804. Napoléon et Joséphine avaient reçu la veille le sacrement de mariage, secrètement et en vertu d'une dispense spéciale du pape. A Notre-Dame, le Saint-Père ne fit que les onctions saintes sur l'Empereur et l'Impératrice, Napoléon ayant fait le geste de se couronner lui-même et de couronner Joséphine. A partir de ce moment, les rapport du Saint siège et de l'Empereur devinrent beaucoup plus tendus. Ce fut d'abord le refus opposé par le Pape à Napoléon qui lui demandait d'annuler le mariage de son frère Jérôme avec Miss Patterson. En novembre 1806, les troupes françaises occupaient Ancône. L'empereur prétendait alors obliger le Souverain Pontife à expulser des ses Etats tous les sujets des pays en guerre avec l'Empire et à prendre part au blocus continental contre l'Angleterre. Napoléon chargea le général Miollis de se diriger sur Naples avec ses troupes. Le Pape protesta et se considéra, désormais, comme captif volontaire. Miollis imposa à Pie VII de changer de Secrétaire d'Etat à plusieurs reprises. Dans ces conjonctures, le pape reçut des Anglais et de la reine Caroline de Naples, réfugiée en Sicile, des propositions tendant à faciliter son évasion. Le cardinal Pacca, alors Secrétaire d'Etat, dissuada le Saint-Père d'y donner suite. Le 10 juin 1809, il excommunia Napoléon. Dès lors, l'arrestation du Souverain Pontife fut décidé par l'Empereur. Miollis fut chargé d'exécuter cette consigne. Le 4 juillet, le général Radet arrivait à Rome. Des troupes napolitaines, envoyées par Murat, y pénétraient en même temps. L'assaut fut donné le 6 juillet, à deux heures du matin. Radet, arrivé dans la pièce où se tenait le Saint-Père, lui intima l'ordre, de la part de l'Empereur, de renoncer à sa charge. Le Pape refusa catégoriquement. De force, Radet emmena aussitôt Pie VII dans une voiture tirée par des chevaux jusqu'à la chartreuse du Val d'Ema où il fut prisonnier. De là, on l'emmena à Savone au prix d'un long et pénible voyage. Il y avait en France vingt-sept sièges épiscopaux vacants à repourvoir. Le Pape, isolé du reste de l'Eglise, refusa d'accorder l'institution canonique aux évêques dont Napoléon lui fit présenter la liste à Savone. Dans le but de se passer du Pape et, aussi, pour l'éprouver, l'Empereur convoqua un concile des évêques français et italiens à Paris, le 9 juin 1811. Il envoyait en même temps une lettre au pape dans laquelle il lui sommait de se réconcilier avec lui. Sous la pression, Pie VII se laissait arracher, sans signer d'ailleurs, quelques concessions relatives à l'institution canonique. Mais Napoléon voulait la soumission entière du Pape. Le 17 juin, l'Empereur fit ouvrir le Concile, mais les évêques présents ne se soumirent pas. Furieux, Napoléon suspendit alors le concile le 11 juillet et incarcéra plusieurs prélats. Le 9 juin 1812, Napoléon donna des ordres pour que Pie VII quitte Savone. Après un voyage épuisant, le Saint-Père arriva, malade, à Fontainebleau, le 20 juin. Le 25 janvier 1813, le malheureux Pie VII, accablé de souffrance, harcelé par Napoléon, se laissait arracher la mort dans l'âme la signature des préliminaires d'un futur Concordat. Le Pape acceptait, bien malgré lui, l'annexion des Etats pontificaux à l'Empire, consentait à s'établir à Avignon, et ratifiait le décret du concile national de 1811. Pie VII fut remis en liberté le 10 mars 1814 après que l'Empereur fut battu à Laon, la veille. Jean-Paul II : victime d'une tentative d'attentat en 1981, à Rome. b) Persécutions contre l'Eglise : Ces mots désignent des actes de violence perpétrés contre l'Eglise dans le but d'anéantir le Christianisme. Dès l'origine, chaque siècle vît l'Eglise chrétienne attaquée par des persécutions extérieures sans que nulles forces ne parviennent à la détruire. Notre Seigneur Jésus-Christ n'a t-il pas dit : « Je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde » ? A travers les siècles, et malgré les persécutions, Jésus a maintenu sa grande promesse. Si l'Eglise avait été une institution humaine, elle aurait depuis longtemps succombé aux coups qui incessamment l'ont atteinte. Toute son histoire n'est qu'un long et permanent martyre. Pouvons-nous pour autant « reconnaître le siècle écoulé comme le siècle [...] des souffrances et des persécutions de l'Église ». ? Ce XXème siècle n'a pas été marqué par des attaques extérieures; bien au contraire : le Vatican ouvre grand les portes de Saint-Pierre pour fraterniser avec toutes les religions et idéologies du monde; le pape est adulé par tous les peuples et est reçu avec tous les honneurs dignes d'un grand chef d'Etat. Alors, où sont les « persécutions de l'Eglise » dont parle le cardinal Ratzinger, et surtout qui sont les persécuteurs. ? Sœur Lucie conseilla de lire les chapitres 8 à 13 de l'Apocalypse : « Tout le secret de Fatima est là », confia t-elle ! Que disent ces chapitres ? 1) Les chapitres 8 à 11 parlent du développement des hérésies et des persécutions contre la foi; puis du déchaînement des démons. 2) Le chapitre 12 concerne la bataille finale entre la femme et le dragon. 3) Le chapitre 13 parle des deux bêtes de l'Apocalypse : - Une bête qui monte de la mer, ayant sept têtes et dix cornes, qui habitent la terre et dont les noms ne sont pas écrits dans le livre de vie de l'Agneau; - Une bête qui monte de la terre, qui a deux cornes semblables à celles de l'Agneau et parlent comme le dragon. La première bête monte de la mer pour agiter les peuples par des guerres et des troubles. La seconde bête sort de la terre, elle se déguisera en agneau et emploiera la séduction : c'est l'Antéchrist. En 1981, après avoir lu le Troisième Secret, Jean-Paul II écrivit : « j'ignorais presque tout de Fatima. Je pressentais seulement qu'il y avait là une certaine continuité de La Salette à Fatima ». (Source : « Entrez dans l'espérance » Ed. Mame-Plon.) Le Vatican fut longtemps hostile à la publication du message de Notre-Dame de La Salette, ceci — de l'aveu même des Pères de La Salette — à cause qu'il faisait référence à l'Antéchrist, donc aux chapitres 8 à 13 de l'Apocalypse. A La Salette, Notre-Dame dit : « l'Eglise sera livrée à de grandes persécutions : ce sera le temps des ténèbres; l'Eglise aura une crise affreuse » [...] « Rome perdra la Foi et sera le siège de l'Antéchrist ». La crise de l'Eglise est aujourd'hui évidente ; mais Rome a-t-il perdu la foi ? - Jean-Paul II, rejettait l'authenticité du Saint Suaire, et ceci malgré les preuves scientifiques ; - beaucoup de prélats rejettent les Mystères de la Sainte Trinité, de l'Incarnation, de la Rédemption, et de la réalité historique de la Résurrection, mais le Vatican, par son silence, laisse faire et dire, donc approuve !; - Lors d'un voyage en Inde, en 1987, le pape Jean-Paul II se fait marqué du signe des adorateurs de Shiva ; - En 1983, les membres de la Trilatérale— ce club très fermé de la pensée unique qui œuvre pour un gouvernement mondial et une religion mondiale— sont invités au Vatican sous la présidence du pape ; - A Assise, en 1986, à l'initiative et sous sa présidence, Jean-Paul II réunit toutes les religions du monde et autorise les bonzes et lamas tibétains à adorer leur Bouddha en or massif sur le tabernacle de l'autel majeur de l'église Saint-Pierre à Assise, tournant le dos au Saint-Sacrement déplacé pour l'occasion dans une chapelle latérale, tandis que la statue de Notre-Dame de Fatima, apportée à bras d'hommes depuis la Calabre, était refoulée, expulsée des sanctuaires, et abandonnée par force dehors, en face de l'église Saint-Pierre livré aux idolâtres ! Il est donc clair que Rome a perdu la Foi et que les persécutions contre l'Eglise ne sont plus extérieures comme voudrait le faire croire le cardinal Ratzinger, mais elles sont intérieures : l'Eglise est persécutée intra muros comme nous allons le voir ci-après. c) Les Martyrs au cours des siècles passés : - persécutions en Perse, par le roi Sapor au IVème siècle (190.000 martyrs), - au Vème siècle en Afrique et Italie par les Vandales, - aux VIème, VIIème et IXème siècle en Espagne par les Wisigoths, puis les Musulmans, les Maures, - au VIIIème siècle en Orient par les empereurs iconoclastes, et en Germanie par les Barbares, - Aux XIIIème et XIVème siècle : massacres des missionnaires au Maroc, - Aux XIVème et XVème siècle : chrétiens suppliciés en Palestine par les turcs, - Au XVIème siècle, les persécutions exercées par les princes protestants et les bandes à leur solde en Allemagne, Angleterre (et au XVIIème) en France et Béarn. - Au XVIIème siècle, extermination des chrétiens au Japon, massacres des missionnaires en Birmanie, à Ceylan; les martyrs en Pologne, en Russie, - Au XVIIIème siècle : Martyrs en Chine, et au temps de la Révolution en France (prêtres massacrés aux Carmes à Paris, Ursulines de Vincennes, Carmélites de Compiègne, Filles de la Charité d'Arras, Religieuses d'Orange, prêtres des pontons de Rochefort), - Au XIXème siècle, les 8.000 Martyrs de Corée, au Tonkin (40.000), en Ouganda, - Au XXème siècle, en Chine, en Russie, en Espagne... Au regard de ces tragiques événements, peut-on « reconnaître le siècle écoulé comme le siècle des martyrs, comme le siècle des souffrances et des persécutions de I'Église » comme veut nous le faire croire le cardinal Ratzinger ? Il serait insensé de l'affirmer. En fait, les « persécutions » « intra muros » proviennent des ennemis de l'Eglise qui sont entrés en son sein afin de détruire les « dogmes de la foi ». En quarante ans ils ont détruit l'Eglise à une vitesse et une efficacité que jamais les anti-cléricaux, en deux siècles, n'ont pu le faire !!. Les chiffres parlent d'eux mêmes : A travers le monde, 80% de catholiques allaient à l'office du « Saint sacrifice de la Messe » chaque dimanche avant l'année 1960. Ils ne sont plus que 4% à assister à la « célébration eucharistique » en l'an 2000. Alors, cette « grande ville à moitié en ruine », ne serait-elle pas l'Eglise, frappée par une crise sans précédent ? Ces « soldats qui tirèrent plusieurs coups avec une arme à feu et des flèches » ne sont-ils pas ces ennemis qui œuvrent en son sein pour tuer spirituellement « les uns après les autres : les Évêques les Prêtres, les religieux et religieuses et divers laïcs, hommes et femmes de classes et de catégories sociales différentes » ? Alors seulement nous pouvons sérieusement penser que la Sainte Vierge est venue ce 13 juillet 1917 pour rappeler son Message de La Salette du 19 septembre 1846 : Les Evêques : « Les chefs, les conducteurs du peuple de Dieu ont négligé la prière et la pénitence, et le démon a obscurci leur intelligence; ils sont devenus ces étoiles errantes que le vieux diable traînera avec sa queue pour les faire périr... Malheur aux Princes de l'Eglise qui ne seront occupés qu'à entasser richesses sur richesses, qu'à sauvegarder leur autorité et à dominer avec orgueil ». Les prêtres : « Les prêtres, ministres de mon Fils, par leur mauvaise vie, par leurs irrévérences et leur impiété à célébrer les saints Mystères, par l'amour de l'argent, l'amour de l'honneur et des plaisirs, les prêtres sont devenus des cloaques d'impureté. Oui, les prêtres demandent vengeance, et la vengeance est suspendue sur leurs têtes. Malheur aux prêtres et aux personnes consacrées à Dieu, lesquelles, par leur infidélités et leur mauvaise vie, crucifient de nouveau mon Fils ». Les religieux et religieuses : « Dans les couvents, les fleurs de l'Eglise seront putréfiées et le démon se rendra comme le roi des cœurs... Le démon usera de toute sa malice pour introduire dans les Ordres religieux, des personnes adonnées au péché... Plusieurs maisons perdront entièrement la foi et perdront beaucoup d'âmes ». Divers laïques : « La sainte foi de Dieu étant oubliée, chaque individu voudra se guider par lui-même et être supérieur à ses semblables... Tout ordre et toute justice seront foulés aux pieds; on ne verra qu'homicides, haine, jalousie, mensonge et discorde, sans amour pour la patrie ni la famille... Les mauvais livres abonderont sur la terre ». Les hommes et femmes de classes et de catégories sociales différentes : « Les gouvernants civils auront tous un même dessein, qui sera d'abolir et de faire disparaître tout principe religieux, pour faire place au matérialisme, à l'athéisme, au spiritisme et à toutes sortes de vices... Dieu abandonnera les hommes à eux-mêmes... On abolira les pouvoirs civils et ecclésiastiques, tout ordre et toute justice seront foulés aux pieds... La société est à la veille des fléaux les plus terribles et des plus grands événements; on doit s'attendre à être gouverné par une verge de feu et à boire le calice ». Dès lors, il est certain que le Vatican a utilisé les Paroles de la Sainte Vierge pour en faire une fausse vision et l'interpréter à sa manière. Pour cela, le cardinal Ratzinger devait enlever toutes crédibilité aux Apparitions de Fatima, et faire passer sœur Lucie pour une affabulatrice.! Il n'hésite pas : « les visions sont limitées par le sujet qui les perçoit et qui participe lui-même à la formation, sous mode d'images, de ce qui apparaît », dit-il. En clair, les visions et les messages ne sont que des représentations imaginaires que la voyante a inventées. Nous voyons bien que le cardinal Ratzinger cherche absolument à noyer les Apparitions et les messages de Fatima. Ceci apparaît d'ailleurs clairement dans l'interview qu'il accorda le 19 mai 2000 au quotidien italien « La Repubblica » : « Les chrétiens, dit-il, sont libres de croire ou pas aux apparitions, mais sur ces choses il est préférable éviter toute forme de sensationnalisme. » [...] Les révélations privées « ne sont certainement pas essentielles pour un chrétien ». Alors le journaliste l'interroge : « Pour autant, peut-on alors ne pas croire à ce qui est arrivé à Fatima ou à Lourdes ? » « Certainement, on peut ne pas croire aux apparitions », répond le cardinal Ratzinger. Mais alors, demande très judicieusement le journaliste, « Peut-on aussi ne pas croire en la relation entre le troisième secret de Fatima et l'attentat du pape Jean-Paul II. ? » Changement de ton du prélat : « La relation entre l'attentat et le troisième secret est évident, il est dans les faits.! ». CONCLUSION Il est évident que la manœuvre du Vatican, en publiant un faux troisième secret, a été de faire tomber la dévotion envers Notre-Dame de Fatima en centrant cette dévotion sur la personnalité de Jean-Paul II. Ce culte de la personnalité est tout à fait à l'image de ce que sera l'Eglise du XXIème siècle, selon le « message de Fatima » rédigé par le Vatican : une Eglise qui ne croit plus en Dieu ni en la Sainte Vierge, mais qui a une grande dévotion pour le « culte de l'homme » martyr qui, par son sang, irrigue l'âme qui s'approche de Dieu. Or, depuis toujours les âmes des fidèles ont été irriguées non pas par le sang des martyrs mais par le Précieux Sang de Notre Seigneur Jésus-Christ : en effet, les martyrs offrent leur sang au Christ et Lui irrigue les âmes qui s'approchent de Dieu. Quelle sera la place du Christ dans l'Eglise du troisième millénaire ? Aucune.! Il est absent ! Pire ! Il n'existe plus ! : « La grande Croix est de troncs bruts, comme si elle était en chêne-liège avec l'écorce », donc sans le Christ. Les hommes-Martyrs l'ont remplacé ! Ce n'est plus la « religion catholique », avec son calice et le Sang de Notre Seigneur Jésus-Christ, mais c'est la « religion humaine » avec son arrosoir et le sang des martyrs que le Vatican instaure par le « message de Fatima » : cette religion humaine, où l'œcuménisme a une grande place puisque les Martyrs ne sont plus des hommes qui ont souffert la mort plutôt que de renier leur foi au Christ et à sa Divinité, mais « des messieurs et des dames de rangs et de conditions différentes » sous-entendu : de toutes religions ! voir même sans religion du tout !. C'est donc l'aboutissement du grand rêve de la franc-maçonnerie que nous voyons s'accomplir sous nos yeux et qui déjà avait préparé le terrain en 1960 au sein des commissions préparatoires du Concile Vatican II, ouvert par un pape franc-maçon : Jean XXIII, récemment béatifié. Sans le vouloir, le Vatican a donné tous les éléments permettant non seulement d'affirmer que le Troisième Secret concerne bien la perte de la foi, mais va plus loin encore : il donne des indications très précises de ce que sera l'Eglise du nouveau millénaire, et en ce sens, même si l'authentique Troisième Secret reste toujours caché dans les « archives secrètes », nous avons là l'explication des trois mois d'agonie de Sœur Lucie lorsqu'elle dû transcrire le texte des Paroles de la Sainte Vierge, et nous comprenons maintenant très bien la signification des propos de la voyante lorsqu'elle dit, le 26 décembre 1957, au Père Fuentes : « Le démon est en train de livrer une bataille décisive avec la Vierge, et une bataille décisive est une bataille finale où l'on saura de quel côté est la victoire, de quel côté la défaite. Aussi, dès à présent, ou nous sommes à Dieu ou nous sommes au démon; il n'y a pas de moyen terme. ». En toute évidence, le Vatican a choisi son camp.!!! LE CARDINAL ANGELO SODANO SECRÉTAIRE D'ÉTAT DE SA SAINTETÉ À la fin de la concélébration eucharistique solennelle présidée par Jean-Paul II à Fatima, le Cardinal Angelo Sodano, Secrétaire d'État, a prononcé en portugais les paroles que nous reproduisons ici en traduction française : Chers Frères et Sœurs dans le Seigneur ! Au terme de cette célébration solennelle, je ressens le devoir d'adresser à notre bien-aimé Saint-Père Jean-Paul II les vœux les plus cordiaux de toutes les personnes ici présentes pour son tout proche quatre-vingtième anniversaire, le remerciant de son précieux ministère pastoral au bénéfice de toute la sainte Église de Dieu. À l'occasion de l'événement solennel de sa venue à Fatima, le Souverain Pontife m'a chargé de vous faire une annonce. Comme vous le savez, le but de sa visite à Fatima a été la béatification des deux petits bergers. Mais il veut aussi donner à ce pèlerinage le sens d'un geste renouvelé de gratitude envers la Madone, pour la protection qu'elle lui a accordée durant ses années de pontificat. C'est une protection qui semble concerner aussi ce qu'on appelle « la troisième partie » du secret de Fatima. Ce texte constitue une vision prophétique comparable à celles de l'Écriture sainte, qui ne décrivent pas de manière photographique les détails des événements à venir, mais qui résument et condensent sur un même arrière-plan des faits qui se répartissent dans le temps en une succession et une durée qui ne sont pas précisées. Par conséquent, la clé de lecture du texte ne peut que revêtir un caractère symbolique. La vision de Fatima concerne surtout la lutte des systèmes athées contre l'Église et contre les chrétiens. Elle décrit l'immense souffrance des témoins de la foi du dernier siècle du deuxième millénaire. C'est un interminable chemin de croix, guidée par les Papes du vingtième siècle. Selon l'interprétation des petits bergers, interprétation confirmée récemment par Sœur Lucie, « l'Évêque vêtu de blanc » qui prie pour tous les fidèles est le Pape. Lui aussi, marchant péniblement vers la Croix parmi les cadavres des personnes martyrisées (évêques, prêtres, religieux, religieuses et nombreux laïcs), tombe à terre comme mort, sous les coups d'une arme à feu. Après l'attentat du 13 mai 1981, il apparut clairement à Sa Sainteté qu'il y avait eu « une main maternelle pour guider la trajectoire du projectile », permettant au « Pape agonisant » de s'arrêter « au seuil de la mort » (Jean-Paul II, Méditation avec les Évêques italiens depuis l'hôpital polyclinique Gemelli, Insegnamenti, vol. XVII1, 1994, p. 1061). À l'occasion d'un passage à Rome de l'évêque de Leiria-Fatima de l'époque, le Pape décida de lui remettre le projectile, resté dans la jeep après l'attentat, pour qu'il soit gardé dans le sanctuaire. Sur l'initiative de l'Évêque, il fut enchâssé dans la couronne de la statue de la Vierge de Fatima. Les événements ultérieurs de 1989 ont conduit, en Union soviétique et dans de nombreux Pays de l'Est, à la chute du régime communiste, qui se faisait le défenseur de l'athéisme. Pour cela aussi, le Souverain Pontife remercie de tout cœur la Vierge très sainte. Cependant, dans d'autres parties du monde, les attaques contre l'Église et contre les chrétiens, accompagnées du poids de la souffrance, n'ont malheureusement pas encore cessé. Bien que les situations auxquelles fait référence la troisième partie du secret de Fatima semblent désormais appartenir au passé, l'appel de la Vierge de Fatima à la conversion et à la pénitence, lancé au début du vingtième siècle, demeure encore aujourd'hui d'une actualité stimulante. « La Dame du message semble lire avec une perspicacité spéciale les signes des temps, les signes de notre temps [...]. L'invitation insistante de la très Sainte Vierge Marie à la pénitence n'est que la manifestation de sa sollicitude maternelle pour le sort de la famille humaine, qui a besoin de conversion et de pardon » (Jean-Paul II, Message pour la Journée mondiale des malades 1997, n. 1 : La Documentation catholique, 93 [1996], p. 1051). Pour permettre aux fidèles de mieux recevoir le message de la Vierge de Fatima, le Pape a confié à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi le soin de rendre publique la troisième partie du secret, après en avoir préparé un commentaire approprié. Nous remercions la Vierge de Fatima de sa protection. Nous confions à sa maternelle intercession l'Église du troisième millénaire. Sub tuum præsidium confugimus, Sancta Dei Genetrix ! Intercede pro Ecclesia ! Intercede pro Papa nostro Ioanne Paulo II. Amen. Fatima, le 13 mai 2000.
COMMENTAIRE THÉOLOGIQUE
[ du Cardinal Ratzinger ]
Celui qui lit avec attention le texte de ce qu'on appelle le troisième « secret » de Fatima, qui, après un long temps, par une disposition du Saint-Père, est publié ci-joint dans son intégralité, sera probablement déçu ou étonné après toutes les spéculations qui ont été faites. Aucun grand mystère n'est révélé ; le voile de l'avenir n'est pas déchiré. Nous voyons l'Église des martyrs du siècle qui s'achève représentée à travers une scène décrite dans un langage symbolique difficile à déchiffrer. Est-ce cela que la Mère du Seigneur voulait communiquer à la chrétienté, à l'humanité, dans une période de grands problèmes et de grandes angoisses ? Cela nous est-il utile au début du nouveau millénaire ? Ou bien s'agit-il seulement de projections du monde intérieur d'enfants qui ont grandi dans une ambiance de profonde piété, mais qui étaient en même temps bouleversés par la tourmente qui menaçait leur époque ? Comment devons-nous comprendre la vision, que faut-il en penser ?
Révélation publique et révélations privées – leur lieu théologique
Avant d'entreprendre une tentative d'interprétation, dont les lignes essentielles peuvent être trouvées dans la communication que le Cardinal Sodano a prononcée le 13 mai dernier à la fin de la célébration eucharistique présidée par le Saint-Père à Fatima, il convient d'effectuer quelques clarifications de fond à propos de la manière dont, selon la doctrine de l'Église, doivent être compris des phénomènes comme celui de Fatima, à l'intérieur de la vie de foi. L'enseignement de l'Église distingue entre la « révélation publique » et les « révélations privées ». Entre ces deux réalités, il y a une différence non seulement de degré, mais de nature. Le terme « révélation publique » désigne l'action révélatrice de Dieu, qui est destinée à l'humanité entière et qui a trouvé son expression littéraire dans les deux parties de la Bible : l'Ancien et le Nouveau Testament. On l'appelle « révélation » parce que, en elle, Dieu s'est fait connaître progressivement aux hommes, au point de devenir lui-même homme, pour attirer à lui et réunir à lui tout le monde, par son Fils incarné, Jésus Christ. Il ne s'agit donc pas de communications intellectuelles, mais d'un processus vital, par lequel Dieu s'approche de l'homme ; et dans ce processus, tout naturellement, se dévoilent aussi un contenu qui intéresse également l'intelligence et la compréhension du mystère de Dieu. Le processus concerne l'homme tout entier et donc aussi la raison, mais pas seulement cette dernière. Dieu étant unique, l'histoire qu'il vit avec l'humanité est unique ; elle vaut pour tous les temps et elle a trouvé son accomplissement dans la vie, la mort et la résurrection de Jésus Christ. En Christ, Dieu a tout dit, c'est-à-dire lui-même, et donc la révélation s'est achevée avec la réalisation du mystère du Christ, qui a trouvé son expression dans le Nouveau Testament. Le Catéchisme de l'Église catholique cite un texte de saint Jean de la Croix pour expliquer que la révélation est définitive et complète : « Dès lors qu'Il nous a donné son Fils, qui est sa Parole, Dieu n'a pas d'autre parole à nous donner. Il nous a tout dit à la fois et d'un seul coup en cette seule Parole [...] ; car ce qu'il disait par parties aux prophètes, Il l'a dit tout entier dans son Fils [...]. Voilà pourquoi celui qui voudrait maintenant l'interroger, ou désirerait une vision ou une révélation, non seulement ferait une folie, mais ferait injure à Dieu, en ne jetant pas les yeux uniquement sur le Christ, sans chercher autre chose en quelque nouveauté » (CÉC, n. 65 : St. Jean de la Croix, Montée au Carmel, 2, 22).
Le fait que l'unique révélation de Dieu adressée à tous les peuples est achevée avec le Christ et par le témoignage qui lui est rendu dans les livres du Nouveau Testament lie l'Église à l'événement unique de l'histoire sacrée et à la parole biblique, qui garantit et interprète cet événement, mais cela ne signifie pas que l'Église pourrait maintenant regarder seulement le passé et serait ainsi condamnée à une répétition stérile. Le Catéchisme de l'Église catholique dit à ce sujet : « Même si la Révélation est achevée, elle n'est pas complètement explicitée ; il restera à la foi chrétienne d'en saisir graduellement toute la portée au cours des siècles » (n. 66). Les deux aspects, à savoir le lien avec l'unicité de l'événement et la progression dans sa compréhension, sont très bien illustrés dans le dernier discours du Christ, lorsque, faisant ses adieux aux disciples, il leur dit : « J'aurai encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l'instant vous n'avez pas la force de les porter. Quand il viendra, lui, l'Esprit de vérité, il vous guidera vers la vérité tout entière. En effet, ce qu'il dira ne viendra pas de lui-même [...]. Il me glorifiera, car il reprendra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître » (Jn 16, 12-14). D'une part, l'Esprit est un guide et il ouvre à une connaissance, mais il manquait auparavant le présupposé pour porter le poids de cette connaissance — telle est l'ampleur et la profondeur jamais atteintes de la foi chrétienne. D'autre part, cette fonction de guide est une manière de « prendre » dans le trésor de Jésus Christ lui-même, dont la profondeur insondable se manifeste dans la conduite opérée par l'Esprit. Le Catéchisme cite à ce sujet une parole profonde du Pape Grégoire le Grand : « Les divines paroles et celui qui les lit grandissent ensemble » (CÉC, n. 94, Grégoire le Grand, Homélie sur Ezéchiel, 1, 7, 8). Le Concile Vatican II indique trois voies essentielles, par lesquelles s'opèrent l'action de guide de l'Esprit Saint dans l'Église et donc la « croissance de la Parole » ; cette action s'accomplit au moyen de la méditation et de l'étude par les fidèles, au moyen d'une profonde intelligence qui provient de l'expérience spirituelle et de la prédication de «ceux qui, avec la succession dans l'épiscopat, ont reçu un charisme certain de vérité » (Dei Verbum, n. 8).
Dans ce contexte, il devient désormais possible de comprendre correctement le concept de « révélation privée », qui se réfère à toutes les visions et à toutes les révélations qui ont lieu après la conclusion du Nouveau Testament ; il s'agit donc de la catégorie à l'intérieur de laquelle nous devons placer le message de Fatima. À ce sujet, commençons par lire le Catéchisme de l'Église catholique : « Au fil des siècles, il y a eu des révélations dites “privées”, dont certaines ont été reconnues par l'autorité de l'Église. [...] Leur rôle n'est pas [...] de “compléter” la Révélation définitive du Christ, mais d'aider à en vivre plus pleinement à une certaine époque de l'histoire » (n.67). Deux éléments sont ainsi clarifiés :
1. L'autorité des révélations privées est substantiellement différente de l'unique révélation publique: cette dernière exige notre foi ; en effet, en elle, par l'intermédiaire de paroles humaines et de la médiation de la communauté vivante de l'Église, Dieu lui-même nous parle. La foi en Dieu et dans sa Parole se distingue de toute autre foi, croyance ou opinion humaines. La certitude que Dieu parle me donne la sécurité que je rencontre la vérité elle-même, et ainsi une certitude qui ne peut se vérifier par aucune forme humaine de connaissance. C'est la certitude sur laquelle j'édifie ma vie et à laquelle je me confie en mourant.
2. La révélation privée est une aide pour la foi, et elle se manifeste comme crédible précisément parce qu'elle renvoie à l'unique révélation publique. Le Cardinal Prospero Lambertini, futur Pape Benoît XIV, dit à ce sujet dans son traité classique, devenu ensuite normatif pour les béatifications et les canonisations : « Un assentiment de foi catholique n'est pas dû à des révélations approuvées de cette manière ; ce n'est même pas possible. Ces révélations requièrent plutôt un assentiment de foi humaine conforme aux règles de la prudence, qui nous les présentent comme probables et crédibles dans un esprit de piété ». Le théologien flamand E. Dhanis, éminent connaisseur de cette question, affirme de manière synthétique que l'approbation ecclésiale d'une révélation privée comporte trois éléments : le message relatif ne contient rien qui s'oppose à la foi et aux bonnes mœurs ; il est licite de le rendre publique, et les fidèles sont autorisés à lui donner, de manière prudente, leur adhésion [E. Dhanis, Regard sur Fatima et bilan d'une discussion, La Civiltà cattolica 104 (1953, II), pp. 392-406, en particulier p. 397]. Un tel message peut être une aide valable pour comprendre et mieux vivre l'Évangile à l'heure actuelle ; c'est pourquoi il ne doit pas être négligé. Il est une aide qui est offerte, mais dont il n'est nullement obligatoire de faire usage.
Le critère pour la vérité et pour la valeur d'une révélation privée est donc son orientation vers le Christ lui-même. Quand elle nous éloigne de lui, quand elle se rend autonome ou même quand elle se fait passer pour un dessein de salut autre et meilleur, plus important que l'Évangile, elle ne vient certainement pas de l'Esprit Saint, qui nous guide à l'intérieur de l'Évangile, et non hors de lui. Cela n'exclut pas qu'une révélation privée mette de nouveaux accents, qu'elle fasse apparaître de nouvelles formes de piété, qu'elle en approfondisse ou en étende d'anciennes. Mais de toute façon, en tout cela, il doit s'agir d'une nourriture pour la foi, l'espérance et la charité, qui sont pour tous la voie permanente du salut. Nous pouvons ajouter que bien souvent les révélations privées proviennent avant tout de la piété populaire et se reflètent sur elle, lui donnent de nouvelles impulsions et ouvrent pour elle de nouvelles formes. Cela n'exclut pas qu'elles aient aussi des effets dans la liturgie elle-même, comme le montrent par exemple les fêtes du Corpus Domini et du Sacré-Cœur de Jésus. D'un certain point de vue, dans la relation entre liturgie et piété populaire, se dessine la relation entre la Révélation et les révélations privées : la liturgie est le critère, elle est la forme vitale de l'Église dans sa totalité, nourrie directement par l'Évangile. La religiosité populaire signifie que la foi plonge ses racines au cœur des peuples d'une façon telle qu'elle s'introduit dans le monde du quotidien. La religiosité populaire est la forme première et fondamentale de l'« inculturation » de la foi, qui doit continuellement se laisser orienter et guider par les indications de la liturgie, mais qui, à son tour, féconde la foi à partir du cœur.
Ainsi, nous sommes déjà passés des précisions plutôt négatives, qui de prime abord étaient nécessaires, aux déterminations positives des révélations privées : comment peut-on les classer de manière correcte à partir de l'Écriture ? Quelle est leur catégorie théologique ? La plus ancienne lettre de saint Paul qui nous a été conservée, le texte qui, dans l'absolu, est peut-être le plus ancien du Nouveau Testament, la première lettre aux Thessaloniciens, me semble donner une indication. L'Apôtre y écrit : « N'éteignez pas l'Esprit, ne méprisez pas les prophéties, mais discernez la valeur de toute chose, ce qui est bien, gardez-le » (5, 19-21). À toutes les époques est donné à l'Église le charisme de prophétie, qui doit être examiné, mais qui ne peut être déprécié. À ce sujet, il convient de tenir compte du fait que la prophétie, au sens biblique, ne signifie pas prédire l'avenir, mais expliquer la volonté de Dieu pour le présent, et donc montrer la voie droite vers l'avenir. Celui qui prédit l'avenir satisfait à la curiosité de la raison, qui désire ouvrir le voile de l'avenir ; le prophète, quant à lui, satisfait à l'aveuglement de la volonté et de la pensée, et éclaire la volonté de Dieu comme exigence et indication pour le présent. Dans ce cas, l'importance de la prédiction de l'avenir est secondaire. Ce qui est essentiel, c'est l'actualisation de l'unique révélation, qui me concerne en profondeur : la parole prophétique est un avertissement ou encore une consolation, ou même les deux à la fois. En ce sens, on peut associer le charisme de la prophétie à la catégorie des « signes des temps », qui a été remise en lumière par le Concile Vatican II : « L'aspect de la terre et du ciel, vous savez le juger ; mais le temps où nous sommes, pourquoi ne savez-vous pas le juger ? » (Lc 12, 56). Par « signes des temps » dans ces paroles de Jésus, il faut entendre son propre chemin, lui-même. Interpréter les signes des temps à la lumière de la foi signifie reconnaître la présence du Christ en tout temps. Dans les révélations privées reconnues par l'Église — donc aussi celle de Fatima — il s'agit de ceci : nous aider à comprendre les signes des temps et à trouver pour eux la juste réponse dans la foi.
La structure anthropologique des révélations privées
Après avoir chercher à déterminer le lieu théologique des révélations privées par ces réflexions et avant de nous engager dans une interprétation du message de Fatima, nous devons encore chercher brièvement à éclaircir un peu leur caractère anthropologique (psychologique). L'anthropologie théologique distingue en ce domaine trois formes de perception ou de « vision » : la vision des sens, donc la perception externe corporelle, la perception intérieure et la vision spirituelle (visio sensibilis - imaginativa - intellectualis). Il est clair que, dans les visions de Lourdes, Fatima, etc., il ne s'agit pas de la perception normale extérieure des sens : les images et les figures qui sont vues ne se trouvent pas extérieurement dans l'espace, comme s'y trouve par exemple un arbre ou une maison. Cela est absolument évident, par exemple, en ce qui concerne la vision de l'enfer (décrite dans la première partie du « secret » de Fatima) ou encore la vision décrite dans la troisième partie du « secret », mais cela peut se montrer très facilement aussi pour les autres visions, surtout parce que toutes les personnes présentes ne les voient pas, mais en réalité seulement les « voyants ». De même, il est évident qu'il ne s'agit pas d'une « vision » intellectuelle, sans images, comme on le trouve dans les hauts degrés de la mystique. Il s'agit donc de la catégorie intermédiaire, la perception intérieure, qui a certainement pour le voyant une force de présence, laquelle équivaut pour lui à la manifestation externe sensible.
Voir intérieurement ne signifie pas qu'il s'agit de fantaisies, ce qui serait seulement une expression de l'imagination subjective. Cela signifie plutôt que l'âme est effleurée par la touche de quelque chose de réel, même si c'est suprasensible, et qu'elle est rendue capable de voir le non-sensible, le non-visible par les sens - une vision avec les « sens internes ». Il s'agit de vrais « objets » qui touchent l'âme, bien qu'ils n'appartiennent pas à notre monde sensible habituel. C'est pourquoi cela exige une vigilance intérieure du cœur qui, la plupart du temps, n'existe pas en raison de la pression des fortes réalités externes, des images et des pensées qui remplissent l'âme. La personne est conduite au-delà de la pure extériorité et les dimensions les plus profondes de la réalité la touchent, se rendent visibles à elle. On comprendra peut-être ainsi pourquoi ce sont précisément les enfants qui sont les destinataires privilégiés de telles apparitions : l'âme est encore peu altérée, sa capacité intérieure de perception est encore peu détériorée. « De la bouche des enfants, des tout-petits, tu as fait monter la louange » ; c'est par une phrase de Psaume 8 (v. 3) que Jésus répond à la critique des Chefs des Prêtres et des Anciens, qui trouvaient inopportun le cri « Hosanna » poussé par des enfants (cf. Mt 21, 16).
La « vision intérieure » n'est pas une fantaisie, mais une manière véritable et précise d'opérer une vérification, comme nous l'avons dit. Mais elle comporte aussi des limites. Déjà dans les visions extérieures, il existe aussi un facteur subjectif : nous ne voyons pas l'objet pur, mais celui-ci nous parvient à travers le filtre de nos sens, qui doivent accomplir un processus de traduction. Cela est encore plus évident dans la vision intérieure, surtout lorsqu'il s'agit de réalités qui outrepassent en elles-mêmes notre horizon. Le sujet, le voyant, est engagé de manière encore plus forte. Il voit avec ses possibilités concrètes, avec les modalités représentatives et cognitives qui lui sont accessibles. Dans la vision intérieure, il s'agit encore plus largement que dans la vision extérieure d'un processus de traduction, de sorte que le sujet est de manière essentielle participant de la formation, sous mode d'images, de ce qui apparaît. L'image peut advenir seulement selon ses mesures et ses possibilités. Ces visions ne sont donc jamais de simples « photographies » de l'au-delà, mais elles portent aussi en elles-mêmes les possibilités et les limites du sujet qui perçoit.
On peut le montrer à travers toutes les grandes visions des saints ; naturellement, cela vaut aussi pour les visions des enfants de Fatima. Les images qu'ils ont décrites ne sont pas en effet une simple expression de leur fantaisie, mais le fruit d'une réelle perception d'origine supérieure et intérieure, elles ne sont pas non plus à envisager comme si, pour un instant, le voile de l'au-delà avait été enlevé et que le ciel apparaissait dans ce qu'il a de purement essentiel, de la manière dont nous espérons le voir un jour dans l'union définitive avec Dieu. Les images sont plutôt, pour ainsi dire, une synthèse de l'impulsion qui provient d'En Haut et des possibilités de ce fait disponibles du sujet qui perçoit, en l'occurrence des enfants. C'est pour cela que le langage imaginatif de ces visions est un langage symbolique. Le Cardinal Sodano dit à ce sujet : les visions « ne décrivent pas de manière photographique les détails des événements à venir, mais résument et condensent sur un même arrière-plan des faits qui se répartissent dans le temps en une succession et une durée qui ne sont pas précisées ». Ce rassemblement de temps et d'espace en une image unique est typique de telles visions, qui en règle générale ne peuvent être déchiffrées qu'a posteriori. Dans ce domaine, on ne peut pas dire que chaque élément visuel doive avoir un sens historique concret. C'est la vision dans son ensemble qui compte, et c'est à partir de l'ensemble des images que les éléments particuliers doivent être compris. Quel que soit le centre d'une image, elle se révèle de manière ultime à partir de ce qui est le centre de la « prophétie » chrétienne elle-même : le centre est là où la vision devient appel et guide vers la volonté de Dieu.
Une tentative d'interprétation du « secret » de Fatima
La première et la deuxième partie du « secret » de Fatima ont déjà été discutées amplement dans la littérature qui le concerne et qu'il n'est pas utile de les illustrer ici une nouvelle fois. Je voudrais seulement attirer brièvement l'attention sur le point le plus significatif. Pendant un instant terrible, les enfants ont fait l'expérience d'une vision de l'enfer. Ils ont vu la chute des « âmes des pauvres pécheurs ». Et maintenant, il leur est dit pourquoi ils ont été exposés à cet instant : « pour les sauver [les âmes] » — pour montrer un chemin de salut. Il vient à l'esprit la phrase de la première lettre de Pierre : « ... Sûrs d'obtenir l'objet de votre foi : le salut des âmes » (1, 9). Comme chemin vers ce but, est indiquée — de manière surprenante pour des personnes provenant de l'ère culturelle anglo-saxonne et allemande — la dévotion au Cœur immaculé de Marie. Pour comprendre cela, une brève indication suffira ici. « Cœur » signifie dans le langage de la Bible le centre de l'existence humaine, la jonction entre la raison, la volonté, le tempérament et la sensibilité, où la personne trouve son unité et son orientation intérieure. Le « cœur immaculé » est, selon Mt 5, 8, un cœur qui, à partir de Dieu, est parvenu à une parfaite unité intérieure et donc « voit Dieu ». La « dévotion » au Cœur immaculé de Marie est donc une façon de s'approcher du comportement de ce cœur, dans lequel le fiat — que ta volonté soit faite — devient le centre qui informe toute l'existence. Si quelqu'un voulait objecter que nous ne devrions pas cependant interposer un être humain entre le Christ et nous, on devrait alors se rappeler que Paul n'a pas eu peur de dire à ses propres communautés : imitez-moi (cf. 1 Co 4, 16 ; Ph 3, 17 ; 1 Th 1, 6 ; 2 Th 3, 7. 9). Chez l'Apôtre, les communautés peuvent vérifier concrètement ce que signifie suivre le Christ. De qui pourrions-nous en tout temps apprendre d'une manière meilleure, sinon de la Mère du Seigneur ?
Ainsi, nous arrivons finalement à la troisième partie du « secret » de Fatima, publié ici pour la première fois dans son intégralité. Comme il ressort de la documentation précédente, l'interprétation que le Cardinal Sodano a donnée dans son texte du 13 mai a, dans un premier temps, été présentée personnellement à Sœur Lucie. À ce sujet, Sœur Lucie a tout d'abord observé qu'elle avait reçu la vision, mais pas son interprétation. L'interprétation, disait-elle, ne revient pas au voyant, mais à l'Église. Toutefois, après la lecture du texte, elle a dit que cette interprétation correspondait à ce dont elle avait fait l'expérience et que, pour sa part, elle reconnaissait cette interprétation comme correcte. Donc, dans ce qui suit, on pourra seulement chercher à donner de manière approfondie un fondement à cette interprétation à partir des critères développés jusqu'ici.
Comme parole-clé de la première et de la deuxième parties du « secret », nous avons découvert celle qui dit « sauver les âmes » ; de même, la parole-clé de ce « secret » est un triple cri : « Pénitence, Pénitence, Pénitence ! » Il nous revient à l'esprit le début de l'Évangile : « Pænitemini et credite evangelio » (Mc 1, 15). Comprendre les signes des temps signifie comprendre l'urgence de la pénitence - de la conversion - de la foi. Telle est la réponse juste au moment historique, marqué par de graves dangers qui seront exprimés par les images ultérieures. Je me permets de rappeler ici un souvenir personnel ; dans un colloque avec moi, Sœur Lucie m'a affirmé qu'il lui apparaissait toujours plus clairement que le but de toutes les apparitions a été de faire croître toujours plus dans la foi, dans l'espérance et dans la charité - tout le reste entendait seulement porter à cela.
Examinons maintenant d'un peu plus près les différentes images. L'ange avec l'épée de feu à la gauche de la Mère de Dieu rappelle des images analogues de l'Apocalypse. Il représente la menace du jugement, qui plane sur le monde. La perspective que le monde pourrait être englouti dans une mer de flammes n'apparaît absolument plus aujourd'hui comme une pure fantaisie : l'homme lui-même a préparé l'épée de feu avec ses inventions. La vision montre ensuite la force qui s'oppose au pouvoir de destruction – la splendeur de la Mère de Dieu et, provenant d'une certaine manière de cette splendeur, l'appel à la pénitence. De cette manière est soulignée l'importance de la liberté de l'homme : l'avenir n'est absolument pas déterminé de manière immuable, et l'image que les enfants ont vue n'est nullement un film d'anticipation de l'avenir, auquel rien ne pourrait être changé. Toute cette vision se produit en réalité seulement pour faire apparaître la liberté et pour l'orienter dans une direction positive. Le sens de la vision n'est donc pas de montrer un film sur l'avenir irrémédiablement figé. Son sens est exactement opposé, à savoir mobiliser les forces pour tout changer en bien. Aussi sont-elles totalement fourvoyées les explications fatalistes du « secret » qui affirme par exemple que l'auteur de l'attentat du 13 mai 1981 aurait été, en définitive, un instrument du plan divin, guidé par la Providence, et qu'il n'aurait donc pas pu agir librement, ou encore d'autres idées semblables qui circulent. La vision parle plutôt de dangers et de la voie pour en être sauvegardé.
Les phrases qui suivent dans le texte montrent encore une fois très clairement le caractère symbolique de la vision : Dieu reste l'incommensurable et la lumière qui dépasse toute notre vision. Les personnes humaines apparaissent comme dans un miroir. Nous devons garder continuellement présente cette limitation interne de la vision, dont les limites sont ici visuellement indiquées. L'avenir se dévoile seulement « comme dans un miroir, de manière confuse » (cf 1 Co 13, 12). Prenons maintenant en considération les diverses images qui suivent dans le texte du « secret ». Le lieu de l'action est décrit par trois symboles : une montagne escarpée, une grande ville à moitié en ruines et finalement une grande croix en troncs grossiers. La montagne et la ville symbolisent le lieu de l'histoire humaine : l'histoire comme une montée pénible vers les hauteurs, l'histoire comme lieu de la créativité et de la convivialité humaines, mais en même temps comme lieu de destructions, par lesquelles l'homme anéantit l'œuvre de son propre travail. La ville peut être lieu de communion et de progrès, mais aussi lieu des dangers et des menaces les plus extrêmes. Sur la montagne se trouve la croix - terme et point de référence de l'histoire. Par la croix, la destruction est transformée en salut ; elle se dresse comme signe de la misère de l'histoire et comme promesse pour elle.
Ici, apparaissent ensuite deux personnes humaines : l'évêque vêtu de blanc (« nous avons eu le pressentiment que c'était le Saint-Père »), d'autres évêques, des prêtres, des religieux et religieuses, et enfin des hommes et des femmes de toutes classes et toutes catégories sociales. Le Pape semble précéder les autres, tremblant et souffrant à cause de toutes les horreurs qui l'entourent. Non seulement les maisons de la ville sont à moitié écroulées, mais son chemin passe au milieu de cadavres des morts. La marche de l'Église est ainsi décrite comme un chemin de croix, comme un chemin dans un temps de violence, de destruction et de persécutions. On peut trouver représentée dans ces images l'histoire d'un siècle entier. De même que les lieux de la terre sont synthétiquement représentés par les deux images de la montagne et de la ville, et sont orientés vers la croix, de même aussi les temps sont présentés de manière condensée : dans la vision, nous pouvons reconnaître le siècle écoulé comme le siècle des martyrs, comme le siècle des souffrances et des persécutions de l'Église, comme le siècle des guerres mondiales et de beaucoup de guerres locales, qui en ont rempli toute la seconde moitié et qui ont fait faire l'expérience de nouvelles formes de cruauté. Dans le « miroir » de cette vision, nous voyons passer les témoins de la foi de décennies. À ce sujet, il semble opportun de mentionner une phrase de la lettre que Sœur Lucie a écrite au Saint-Père le 12 mai 1982 : « La troisième partie du “secret” se réfère aux paroles de Notre-Dame : “Sinon [la Russie] répandra ses erreurs à travers le monde, favorisant guerres et persécutions envers l'Église. Les bons seront martyrisés, le Saint-Père aura beaucoup à souffrir, diverses nations seront détruites” ».
Dans le chemin de croix de ce siècle, la figure du Pape a un rôle spécial. Dans sa pénible montée sur la montagne, nous pouvons sans aucun doute trouver rassemblés différents Papes qui, depuis Pie X jusqu'au Pape actuel, ont partagé les souffrances de ce siècle et se sont efforcés d'avancer au milieu d'elles sur (la voie qui mène à la croix. Dans la vision, le Pape aussi est tué sur la voie des martyrs. Lorsque, après l'attentat du 13 mai 1981, le Pape se fit apporter le texte de la troisième partie du « secret », ne devait-il pas y reconnaître son propre destin ? Il a été très proche des portes de la mort et il a lui-même expliqué de la manière suivante comment il a été sauvé : « C'est une main maternelle qui guida la trajectoire de la balle et le Pape agonisant s'est arrêté au seuil de la mort » (13 mai 1994). Qu'ici une « main maternelle » ait dévié la balle mortelle montre seulement encore une fois qu'il n'existe pas de destin immuable, que la foi et la prière sont des puissances qui peuvent influer sur l'histoire et que, en définitive, la prière est plus forte que les projectiles, la foi plus puissante que les divisions.
La conclusion du « secret » rappelle des images que Sœur Lucie peut avoir vues dans des livres de piété et dont le contenu provient d'anciennes intuitions de foi. C'est une vision consolante, qui veut qu'une histoire de sang et de larmes soit perméable à la puissance de guérison de Dieu. Des Anges recueillent sous les bras de la croix le sang des martyrs et irriguent ainsi les âmes qui s'approchent de Dieu. Le sang du Christ et le sang des martyrs doivent être considérés ensemble : le sang des martyrs jaillit des bras de la croix. Leur martyre s'accomplit en solidarité avec la passion du Christ, il devient un tout avec elle. Ils complètent pour le Corps du Christ ce qui manque encore à ses souffrances (cf. Col 1, 24). Leur vie est devenue elle-même eucharistie, incorporée dans le mystère du grain de blé qui meurt et qui devient fécond. Le sang des martyrs est semence de chrétiens, a dit Tertullien. De même que de la mort du Christ, de son côté ouvert, est née l'Église, de même la mort des témoins est féconde pour la vie future de l'Église. La vision de la troisième partie du « secret », tellement angoissante à ses débuts, s'achève donc sur une image d'espérance : aucune souffrance n'est vaine, et précisément une Église souffrante, une Église des martyrs, devient un signe indicateur pour l'homme à la recherche de Dieu. Dans les mains amoureuses de Dieu sont accueillies non seulement les personnes qui souffrent comme Lazare, qui a trouvé une grande consolation et qui mystérieusement représente le Christ, Lui qui a voulu devenir pour nous le pauvre Lazare ; mais il y a plus encore : des souffrances des témoins provient une force de purification et de renouveau, parce qu'elle est une actualisation de la souffrance même du Christ, et qu'elle transmet aujourd'hui son efficacité salvatrice.
Nous sommes ainsi arrivés à une ultime interrogation : que signifie dans son ensemble (dans ses trois parties) le « secret » de Fatima ? Que nous dit-il à nous ? Avant tout, nous devons affirmer avec le Cardinal Sodano : « Les situations auxquelles fait référence la troisième partie du “secret” de Fatima semblent désormais appartenir au passé ». Dans la mesure où des événements particuliers sont représentés, ils appartiennent désormais au passé. Ceux qui attendaient des révélations apocalyptiques excitantes sur la fin du monde et sur le cours futur de l'histoire seront déçus. Fatima n'offre pas de telles satisfactions à notre curiosité, comme du reste en général la foi chrétienne ne veut pas et ne peut pas être une pâture pour notre curiosité. Ce qui reste, nous l'avons vu dès le début de notre réflexion sur le texte du « secret » : l'exhortation à la prière comme chemin pour le « salut des âmes » et, dans le même sens, l'appel à la pénitence et à la conversion.
Je voudrais enfin reprendre encore une autre parole-clé du « secret » devenue célèbre à juste titre : « Mon Cœur immaculé triomphera ». Qu'est-ce que cela signifie ? Le Cœur ouvert à Dieu, purifié par la contemplation de Dieu, est plus fort que les fusils et que les armes de toute sorte. Le fiat de Marie, la parole de son cœur, a changé l'histoire du monde, parce qu'elle a introduit le Sauveur dans le monde – car, grâce à son « oui », Dieu pouvait devenir homme dans notre monde et désormais demeurer ainsi pour toujours. Le Malin a du pouvoir sur ce monde, nous le voyons et nous en faisons continuellement l'expérience ; il a du pouvoir parce que notre liberté se laisse continuellement détourner de Dieu. Mais, depuis que Dieu lui-même a un cœur d'homme et a de ce fait tourné la liberté de l'homme vers le bien, vers Dieu, la liberté pour le mal n'a plus le dernier mot. Depuis lors, s'imposent les paroles : « Dans le monde, vous trouverez la détresse, mais ayez confiance ; moi je suis vainqueur du monde » (Jn 16, 33). Le message de Fatima nous invite à nous fier à cette promesse.
Joseph Card. Ratzinger
Préfet de la Congrégation
pour la Doctrine de la Foi
CONTENU PROBABLE DE
L'AUTHENTIQUE TROISIÈME SECRET Seule certitude : la véritable lettre de sœur Lucie, sur laquelle figure le message de Notre-Dame ne contient pas plus d'une vingtaine de lignes manuscrites. En lisant les écrits de la voyante, le lecteur attentif sera surpris de tomber sur cette phrase : « Au Portugal se conservera toujours le dogme de la foi, etc. ». Cette phrase (terminée par "etc."), attire l'attention pour plusieurs raisons : d'une part, parce qu'elle n'est pas située à sa place logique dans les écrits de sœur Lucie ; et d'autre part, parce que dans tous les ouvrages écrits par ceux qui, en complicité avec le Vatican, veulent étouffer l'affaire du troisième secret, cette partie est très curieusement "oubliée". Il est évident que cette phrase a été placée là dans l'intention de laisser transparaître une partie du message. Si, comme il est dit dans la phrase, le Portugal conservera toujours le dogme de la foi, c'est donc qu'en toute logique elle se perdra ailleurs !. On ne peut s'empêcher alors de faire le rapprochement avec le message de Notre-Dame, en 1846, à la Salette (en France) : "En l'année 1864, Lucifer avec un grand nombre de démons seront détachés de l'enfer : ils aboliront la Foi peu à peu et même dans les personnes consacrées à Dieu ; ils les aveugleront d'une telle manière, qu'à moins d'une grâce particulière ces personnes prendront l'esprit de ces mauvais anges. Plusieurs maisons religieuses perdront entièrement la foi, et perdront beaucoup d'âmes.(Note)Voir: rubrique « FORUM », textes n°14 et 14a. L'année 1864 ne marqua pas le début des désordres annoncé par Notre-Dame dix-huit années plus tôt. L'Eglise connaissait une impulsion missionnaire jamais vue dans les siècles passés et la foi rayonnante qui illuminait les lieux saints témoignait de sa vitalité. Alors ? Le diable, avec un grand nombre de démons, se sont bien détachés de l'enfer "en l'année 1864", mais la révélation au Pape Léon XIII vient nous mettre sur la voie : IL semblerait, en effet, que pour arriver à leur fin, les forces diaboliques ont eut besoin d'un délai pour attirer à eux un grand nombre d'âmes. La révélation mystique, qui semble authentique, offre l'explication la plus logique du pourquoi le mal s'est abattu dans l'Eglise un siècle plus tard. Selon la version la plus largement acceptée, voici ce qui arriva le 13 octobre 1884, après que le pape Léon XIII eut terminé de célébrer la Messe dans la chapelle du Vatican, entouré par quelques cardinaux et membres du personnel. Léon XIII s'arrêta soudain au pied de l'autel, environ dix minutes, comme en extase, le visage pâle comme la mort. Puis, partant immédiatement de la chapelle à son bureau, il composa la prière à Saint Michel, donnant l'ordre de la réciter partout après les Messes-basses ; ceci se fit jusqu'à l'époque de tous les chambardements dans l'Eglise, vers les années 1962-1963. Lorsque son entourage lui demanda ce qui était arrivé, il expliqua qu'au moment où il s'apprêtait à quitter le pied de l'autel, il entendit soudainement deux voix : l'une douce et bienveillante, l'autre gutturale et rauque. Les voix semblaient venir d'auprès du tabernacle. tandis qu'il écoutait, il entendit la conversation suivante : La voix rauque, celle de satan dans son orgueil, se vantait à Notre-Seigneur en disant : Si cette manifestation surnaturelle est authentique, elle offre l'explication la plus logique du bouleversement que connaît l'Eglise depuis le Concile Vatican II. La date de 1864 trouve alors son plein effet dans la période comprise entre l'année 1939 et 1964 ; délai qu'il a fallu aux forces du mal pour corrompre les âmes et les attirer vers le démon. Dès lors, tout est beaucoup plus clair. La désorientation diabolique dans l'église date bien de ces années-là, et plus particulièrement avec l'élection, contre toute attente, du Pape Jean XXIII qui annonça, le 24 janvier 1959, la convocation d'un concile œcuménique. Celui-ci s'ouvrit, sous sa présidence, le 11 octobre 1962, mais ne le clôtura pas puisqu'il mourut le 3 juin de l'année suivante (Sur sa possible béatification, voir forum n° 7). Ce fut l'archevêque de Milan, Giovanni Montini, qui succéda en plein concile au siège apostolique et prit le nom de Paul VI. Sous son autorité, la prophétie annoncée 100 ans plus tôt par Notre-Dame, à La Salette, se réalisait. Le concile, infiltré par la Franc-maçonnerie, était bien entrain de détruire l'Eglise, de l'intérieur !, confirmant ainsi la confidence de Léon XIII qui, en 1884, déclarait : « Les Francs-maçons ne prennent plus la peine de dissimuler leurs intentions... C'est publiquement, à ciel ouvert, qu'ils entreprennent de ruiner la Sainte Eglise ». Pas étonnant alors que le Vatican ne souhaite pas rendre publique l'authentique troisième secret ; car en le faisant il remettrait indiscutablement en cause l'autorité même dudit Concile, avouant publiquement au monde dans quel état d'hérésie se trouve aujourd'hui l'Eglise catholique ! ; d'ailleurs, de l'aveu même du Pape Benoît XVI, alors Cardinal : « nous vivons une apostasie de la foi » (déclaration du 17 juin 1999 au Séminaire organisé par le Conseil Pontifical pour les Laïcs, à Rome, devant un parterre de plus de 100 évêques et cardinaux du monde entier). (Voir déclaration du 18 juin 1999). Cela confirme aussi les confidences de Sœur Lucie dans un entretien avec le Père Fuentes, le 26 décembre 1957, où la voyante fait allusion au troisième secret : « Seuls le Saint-Père et Mgr l'évêque de Fatima pourraient le savoir de par la volonté de la Très Sainte Vierge, mais ils ne l'ont pas voulu, pour ne pas être influencés. » Et elle ajoute : « Le démon est en train de livrer une bataille décisive avec la Vierge ; beaucoup de nations disparaîtront de la surface de la terre. La Russie sera l'instrument du châtiment du Ciel pour le monde entier si nous n'obtenons pas auparavant la conversion de cette pauvre nation. Ce qui afflige le plus le Cœur Immaculé de Marie et celui de Jésus, c'est la chute des âmes religieuses et sacerdotales. Le démon sait que les religieux et les prêtres, en manquant à leur belle vocation, entraînent de nombreuses âmes en enfer (...) N'attendons pas que vienne de Rome un appel à la pénitence de la part du Saint-Père pour le monde entier; n'attendons pas non plus qu'il vienne de nos évêques dans leur diocèse, ni non plus des congrégations religieuses. Non. Notre Seigneur a déjà utilisé bien souvent ces moyens et le monde n'en a pas fait cas. C'est pourquoi maintenant, il faut que chacun de nous commence lui-même sa propre réforme spirituelle (...) Le démon veut s'emparer des âmes consacrées ; il essaie de les corrompre pour endormir les autres dans l'impénitence finale. Il emploie toutes les ruses, allant même jusqu'à suggérer de retarder l'entrée dans la vie religieuse (...) La Très Sainte Vierge ne m'a pas dit que nous sommes dans les derniers temps du monde, mais Elle me l'a fait voir pour trois motifs : 1) Parce que le démon est en train de livrer une bataille décisive avec la Vierge (...) où l'on saura de quel côté est la victoire, de quel côté la défaite. Aussi, dès à présent, ou nous sommes à Dieu ou nous sommes au démon ; il n'y a pas de moyen terme. 2) Car les deux derniers remèdes que Dieu donne au monde sont le saint Rosaire et la dévotion au Cœur Immaculé de Marie, et ceux-ci étant les deux derniers remèdes, cela signifie qu'il n'y en aura pas d'autres. 3) Lorsque Dieu va châtier le monde, Il épuise auparavant tous les autres recours. 0r quand il a vu que le monde n'a fait cas d'aucun, (...) Dieu nous a offert avec une certaine crainte le dernier moyen de salut, sa Très Sainte Mère. Car si nous méprisons et repoussons cet ultime moyen, nous n'aurons plus le pardon du Ciel. (...) Souvenons-nous que Jésus-Christ est un très bon Fils et qu'il ne permet pas que nous offensions et méprisions sa Très Sainte Mère. » Et enfin : « Voilà pourquoi ma mission n'est pas d'indiquer au monde les châtiments matériels qui arriveront certainement si auparavant le monde ne prie pas et ne fait pas pénitence. Non. Ma mission est d'indiquer à tous l'imminent danger où nous sommes de perdre notre âme à jamais si nous restons obstinés dans le péché. » Cette confidence ne permet plus de douter de l'authenticité de la vision du Pape Léon XIII, et démontre qu'il a bien fallut au démon entre 75 et 100 ans pour gagner les âmes consacrées à Dieu. Si le secret aurait été livré au monde en 1960 tout aurait été extrêmement clair !... mais Sœur Lucie nous avertit, déjà en 1957, que le Saint-Siège ne dira rien... et pour cause ! : « N'attendons pas que vienne de Rome un appel à la pénitence de la part du Saint-Père pour le monde entier ; n'attendons pas non plus qu'il vienne de nos évêques dans leur diocèse, ni non plus des congrégations religieuses. Non... ». En conséquence, on peut légitimement affirmer que la Congrégation pour la doctrine de la Foi a présenté au monde un « FAUX SECRET », afin de ne pas révéler aux chrétiens dans quel état d'apostasie se trouve plongée l'Eglise.
...Mais à la fin
mon Cœur Immaculé triomphera
IL y a urgence à faire cette consécration comme le veut Notre-Dame sinon, nous a t-elle dit, la Russie continuera à répandre ses erreurs dans le monde : En effet, la Russie est formé d'une union d'états formant un bloc jadis appelé URSS (aujourd'hui "Russie")... le nom change, mais dans les faits c'est la même chose.La Sainte Vierge nous dit aussi que des nations seront anéanties :La France, comme d'autres pays d'Europe perdront leur statut de nation pour devenir des états du gros bloc de « L'Union » (EU). Face à cette dictature qui s'installe peu à peu, les habitants de l'Europe (surtout les plus pauvres) vont être de plus en plus opprimés. Face à cette appauvrissement des populations, des guerres (civiles) éclateront, comme l'a dit Notre-Dame, à la Salette. Il y aura des persécutions contre l'Eglise. Alors se réalisera la vision de la petite Jacinthe : « J'ai vu le Saint-Père dans une très grande maison, agenouillé devant une table, la tête dans les mains et pleurant. Au-dehors, il y avait beaucoup de gens et certains lui jetaient des pierres, d'autres le maudissaient et lui disaient beaucoup de vilaines paroles. » « Mais à la fin Mon Cœur Immaculé triomphera » : Le pape fera la consécration demandé depuis longtemps par Notre-Dame, « mais il sera tard ».
Egger Ph. |