Coup de balai au Vatican [Philippe Christin - RTS/CHRISTIN Philippe]
L'univers du Vatican est réputé impénétrable, ses secrets bien gardés. Mais depuis l'arrivée de François 1er à la tête d'un empire qui gère un milliard de croyants, les choses ont bien changé. Grande lessive à la tête des finances de l'église, mise à pied des pédophiles, renvoi des prélats trop habitués au luxe et aux intrigues. Le Pape argentin, proche des pauvres et bien décidé à secouer une institution discréditée, s'est aussi fait en un temps record de nombreux ennemis. A commencer par la redoutable mafia, contre qui il a décidé de jeter tout le poids de l'église.
Ce n’est pas le plan qu’avait prévu celui qu’on appelle "le club du couteau et du poison". Le petit clan de cardinaux italiens, intrigants et corrompus, avait déjà préparé un communiqué qui devait annoncer le successeur du pâle et falot Benoît XVI, démissionnaire du trône de Saint Pierre. Ils n’avaient pas prévu qu’un cardinal argentin, Jorge Mario Bergoglio, dynamique et visionnaire, serait porté au pouvoir par un groupe venu des Amériques, bras armé de la puissante et de la riche Eglise catholique américaine: François 1. A lui de reprendre la tâche harassante qui a mis à genoux son prédécesseur, de nettoyer l’Eglise de sa chienlit, de ces dignitaires pédophiles et cupides, qui roulent en limousine et se pavanent dans le luxe.
Aussitôt dit, aussitôt fait. A peine installé, le nouveau Pape commence à secouer l’édifice et à faire trembler les murs des cathédrales. De grosses affaires sont rendues publiques, comme le transfert clandestin de 25 millions de francs. François 1 veut remettre de l’ordre dans le système financier opaque du Vatican, à travers sa mystérieuse banque de l’Institut pour les Oeuvres de la Religion, l’IOR. En fait, une officine qui sert à blanchir de l’argent et à financer toutes sortes d’opérations fumeuses. Le comptable de l’IOR sera pris la main dans le sac de billets de banque et arrêté. Décidé à nettoyer le Vatican des "mafiosi en soutanes", l’Argentin s’attaque aussi à ceux qui portent le costume croisé et le flingue sous le manteau: la mafia, en particulier la Ndrangheta de Calabre, qui fait tant de mal autour d’elle. Admiré, mais désormais inquiétant son entourage par les risques qu’il prend, François 1 en fait-il trop ?
Une enquête fouillée basée sur des témoignages rares, au cœur d’un des systèmes les plus verrouillés au monde.
Un reportage de Jacques Charmelot et François Chayé
Egger Ph.