«Une personne avec une croyance a autant de force que 100.000 personnes qui n'ont que des intérêts» John Stuart Mill

La Bible contient-elle réellement des passages violents ?


Non seulement la Bible n’est pas un livre de violence, mais au contraire, elle montre, pour les chrétiens, le cheminement d’un peuple pour apprendre à aimer son prochain comme soi-même.




Certains commentateurs font remarquer que la Bible contient des passages violents, et citent la Loi dite de Moïse pour signaler que les textes fondateurs du christianisme ordonnent des actes barbares, comme la lapidation. Ceci a même gêné certains chrétiens.

Sans idée aucune de prosélytisme, qu’on soit athée ou croyant, sachons au moins de quoi l’on parle quand on se réfère aux textes fondateurs du christianisme. Examinons les textes.

Certains objecteront les actes pas toujours chrétiens des religions chrétiennes : c’est un autre sujet.

La Loi dite de Moïse est l’ensemble des commandements et ordonnances qui, selon l’Ancien Testament, furent donnés au peuple d’Israël par l’intermédiaire de Moïse. Que cette loi contienne des commandements durs, barbares, est une évidence quand on lit par exemple que les adultères devront être mis à mort par lapidation (Deutéronome 22:23,24).

Quand on lui demanda quel était le plus grand commandement de la Loi, Jésus répondit (Matthieu 22:36-29) que le premier était d’aimer Dieu de tout son cœur, et le second d’aimer son prochain comme soi-même. Ces textes, déjà écrits dans la Loi de Moïse, étaient en fait révolutionnaires, et allaient nécessiter un bon millénaire pour qu’un peuple barbare de la Haute Antiquité puisse accepter d’aimer Dieu (et non de craindre une ou des divinités), et d’aimer son prochain comme soi-même. D’ailleurs, en réponse à une question mal intentionnée sur la Loi de Moïse et le divorce, Jésus va dire à ses opposants : « C’est à cause de la dureté de votre cœur que Moïse vous a permis de divorcer d’avec vos épouses. Mais, au commencement, il n’en était pas ainsi » (Matthieu 19:8).

Remarquons quand la Loi de Moïse est donnée au peuple d’Israël : c’est après la sortie d’Égypte et la traversée miraculeuse de la mer Rouge. « Maintenant, si vous m’obéissez et si vous restez fidèles à mon alliance, vous serez pour moi un royaume de prêtres, une nation sainte », ce que le peuple accepte unanimement (Exode 19:5-8). Ce n’est qu’après cette acceptation d’obéir sans condition qu’est donnée la Loi de Moïse (qui commence par les fameux 10 commandements), qui d’après Jésus est en fait temporaire, adaptée à un peuple au cœur dur, destinée à le former.

Paul écrira par la suite que cette loi était « comme un gardien chargé de nous conduire au Christ pour que nous soyons déclarés justes devant Dieu par la foi » (Galates 3:24), et que Jésus « a annulé l’acte [la Loi de Moïse] qui établissait nos manquements. Oui, il l’a effacé, le clouant sur la croix » (Colossiens 2:13,14).

Mais comment donc comprendre les paroles de Jésus qui dit « Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes ; je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir » (Matthieu 5:17) ? C’est tout simple : Jésus ne parle PAS de la Loi de Moïse. L’expression « la loi et les prophètes » (ici : ou les prophètes, car la phrase est une négation) ne fait nullement référence à la Loi de Moïse, mais à la façon dont les Juifs de l’époque parlaient de ce que nous appelons l’Ancien Testament (comme l’indique la note en bas de page de la Traduction œcuménique de la Bible pour Romains 3, versets 19 et 21).

Tout l’Ancien Testament annonce, d’après le Nouveau Testament, une loi meilleure, gravée sur des cœurs (Hébreux 8:7-11), et annonce la rédemption par le sacrifice du Christ. C’est ainsi que Jésus allait accomplir la loi ET les prophètes. Non seulement la Bible n’est pas un livre de violence, mais au contraire, elle montre, pour les chrétiens, le cheminement d’un peuple pour apprendre à aimer son prochain comme soi-même.

Dr. Jean-Pierre Cantin