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"Le christianisme existait déjà avant la venue du Sauveur" (St Augustin).
"Le christianisme existait déjà avant la venue du Sauveur" (St Augustin).
1 - Les figures divines
Au mythe du Dieu-Sauveur s'est incorporé beaucoup d'éléments de récits couramment répandus en Orient, en rapport avec d'autres divinités, ayant tout aussi bien trait à des sauveurs du monde, souffrants ou exécutés pour leurs actes, et tous antérieurs à l'élaboration du mythe chrétien : Adad (Assyrie); Adonis, Apollon, Dionysos-Bacchus, et surtout Orphée (Grèce); Osiris, Sérapis, Horus (Égypte); Zarathoustra / Zoroastre, Mithra (Perse); Alcides (Thèbes); Attis (Phrygie); Baal (Phénicie); Crite (Chaldée); Bali (Afghanistan); Bouddha (Inde); Deva Tat (Siam) ; Hesus ou Esus (Celtes et Druides antiques); Indra (Tibet); (Népal); Krishna (Inde); le Mikado (shintoïsme); Odin (Scandinavie); Prométhée (Caucase); Quetzalcoatl (Mexique); Tammuz (Syrie), Thor (Gaules) le Monarque universel des Sibylles; Xamolxis (Thrace); Zoar (Bonzes orientaux)
Les principales figures :
Bouddha
Bien que la plupart des individus non informés croient à tort que Bouddha aurait réellement vécu vers 500 avant J.-C., les caractéristiques de la figure de Bouddha peuvent également être établies comme compilation de traits empruntés à des divinités humanisées, à des figures légendaires et à des personnages historiques divers antérieurement et postérieurement à l'existence alléguée de Bouddha. - cf. Pagan Christs, par J.M. Robertson -. La figure de Bouddha a ceci de commun avec celle du Christ que Bouddha fut préservé du péché en naissant de la Vierge Maya. Il accomplissait des miracles et des merveilles. Il écrasa la tête d'un serpent. Il mit fin à l'idolâtrie. Il accéda au Nirvana, ou aux "cieux". Il était regardé comme le "bon pasteur". - Isis dévoilée, par Helena Blavatsky, vol. II, pp. 209, 537-538.
Orphée
Orphée, apparu 13 siècles avant le Christ, fut un grand réformateur religieux. Si l'on en croit l'historien latin Horace, il fut l'interprète sacré des dieux. Il était le fils d'un roi de Thrace Œagre, mais selon les légendes, il serait fils d'Apollon, dieu solaire, et de la muse Calliope. D'ailleurs, il était lui-même musicien et poète. Sans qu'aucun auteur ancien n'en fasse mention, dès sa jeunesse, il quitta le pays pour l'Egypte, où il fut acceuilli par les prêtres de Memphis. Après vingt ans dans les écoles de mystère, il retourna en Thrace et entreprit de profondes transformations dans l'organisation religieuse. Sa tombe devint un lieu de pèlerinage. Orphée est surtout connu par la légende de sa descente aux enfers. Mi-homme, mi-dieu, il est devenu un personnage mythologique dont le nom signifie "la lumière de d'amour". Il serait à l'origine des mystères d'Eleusis qui apparaissent dès le VIIe siècle. Prélude au christianisme, l'orphisme constitue à la fois une religion secrète à caractère initiatique et une philosophie : l'âme, prisonnière du corps, porte le fardeau d'un crime originel ; elle ne sera libérée qu'au terme de nombreuses incarnations en se purifiant par les jeûnes, l'ascétisme et l'initiation spirituelle. C'est aussi la promesse d'une vie post-mortem. Ces rapprochements avec le christianisme ont été mis en lumière par André Boulanger, qui cite un autre auteur dans son livre Orphée. Voici l'opinion de ces auteurs : "Le passage du christianisme judaïque au christianisme hellénique, du fait historique de Jésus au fait mystique du Christ, se serait opéré grâce à l'orphisme, la christologie de Paul étant purement et simplement une transposition de l'orphisme. Entre les deux doctrines, il y a mieux que des ressemblances, il y a identité pour tout l'essentiel. Par conséquent, établir que les éléments mythiques du Christ paulinien dérivent de l'orphisme équivaut à chercher jusqu'à quel point la résurrection mystique dans le christianisme dérive de l'orphisme". - Encyclopédie de l'ésotérisme -T. 2 Religions non chrétiennes- Jacques d'Ares, 1974 -
Dionysos
Antérieur à l'orphisme, le culte associé à Dionysos contient des rites orgiaques qui impliquent que l'initié s'abandonne à sa nature animale pour en éprouver le pouvoir fécondant et la plénitude. Le vin était le moyen d'abaissement de conscience nécessaire à la révélations de secrets de la nature dont l'essence était symboliquement représentée par un accomplissement érotique et sacré : l'union de Dionysos et d'Ariane, sa compagne. Le second degré de l'ivresse, nous avons l'extase ressentie aux sons mélodieux de sa lyre. Associé à l'orphisme, on retrouve dans cette religion des caractéristiques qui préfigurent le christianisme : mi-homme mi-dieu, Dionysos était aussi ce héros qui souffre, qui meurt et qui ressuscite.
Horus
Les histoires de Jésus et d'Horus sont très semblables, le mythe d'Horus ayant contribué de surcroît à la désignation de Jésus comme le Christ. Les légendes autour d'Horus sont vieilles de plusieurs milliers d'années, et il partage les traits suivants avec Jésus : Horus naquit d'une vierge un 25 décembre. Il eut 12 compagnons ou disciples. Il fut mis au tombeau et ressuscita. Il était désigné comme la voie, la vérité, la lumière, le Messie, le fils oint de Dieu, le bon berger, et troisième personne de la trinité divine (Osiris-Isis-Horus). Il faisait des miracles, et éleva un homme, El-Azar-us, d'entre les morts. L'épithète personnelle d'Horus était "Iusa", "le fils jamais procréé" de "Ptah," le "père" - Churchward, op. cit., p. 365. Cf. aussi le livre Votre Église ne veut pas que vous lisiez, pp. 15-16.-. Horus était encore désigné comme "le KRST," ou "Oint," longtemps avant que les chrétiens n'en aient reproduit l'appellation - Churchward, ibid., p. 397. Cf. également : Le Livre égyptien des morts, par Massey, pp. 13 et 64. -. Matériellement, à Rome dans les catacombes on peut encore contempler des images d'Horus-enfant porté par Isis, sa mère vierge, la "Madonne et l'enfant" originels - Churchward, ibid., p. 366. -
Osiris
La légende d'Osiris est multiforme. Ce dieu défunt est le souverain-juge qui préside le tribunal au jugement dernier (scène de la pesée de l'âme ou psychostase) comme l'est Jésus sur le tympan des cathédrales et de certaines basiliques ; Thot sert de médiateur au Tribunal de Dieu comme Jésus. En bien des points, la religion égyptienne a inspiré les religions juive et chrétienne, de la Genèse à l'Apocalypse. On y trouve des concepts analogues, la même morale, la confession, le rituel de purufication par ablutions et celui du pain et du vin consacrés... issu du courant ésotérique osirien, le christianisme vulgarisé et figé en dogmes a perdu de sa vitalité. - Livre des morts des anciens égyptiens, Kolpaktchy, éd. Omnium Littéraire -.
Sérapis
Créé par Ptolémée 1ier, Sérapis, ce dieu composite (Zeus-Osiris-Apis) qui promet le salut et qui soulage les affligés, devait unir les Grecs et les Égyptiens dans un même culte. C'est une première esquisse du dieu des chrétiens, mort sur la croix. N'y a-t-il pas une ressemblance flagrante entre le visage du Christ et celui de la statue de Sérapis récemment sauvée des eaux à Alexandrie ?
"Le rêve d'Alexandre le Grand était d'unir l'Orient et l'Occident en un seul empire et d'entraîner le retour de l'âge d'or. Cette pensée fondée sur une théogonie solaire fut reprise, dès la mort du grand conquérant, par la dynastie grecque installée sur le trône d'Égypte: les Ptolémées, dont Cléopâtre fut le dernier monarque régnant. Ayant fondu les religions grecques et égyptiennes dans le culte de Sérapis, les Ptolémées, possesseurs de la dépouille mortelle d'Alexandre, reportèrent sur eux l'onction divine accordée par le Roi du monde, avant que cette consécration ne se porte sur Rome, au siècle d'or de Virgile et d'Auguste." - Jean-Michel Angebert, Le Livre de la Tradition, R. Laffont éd. - Après la victoire d'Actium sur Antoine et Cléopâtre (31 av.J-C), c'est à Octave Auguste qu'elle revint par la suite et le titre de Souverain Pontife des empereurs romains et bizantins surpassa de loin celui de Pharaon, roi d'Egypte.
Krishna
Les similitudes entre la figure chrétienne et le Messie indien sont particulièrement nombreuses: Krishna fut engendré de la Vierge Devaki ("une qui est divine"). Il est appelé le Dieu-berger. Il est la deuxième personne de la trinité divine. Il fut persécuté par un tyran qui aurait commandé la mise à mort de milliers d'enfants en bas âge. Il fit des miracles et des merveilles. D'après certaines traditions il mourut attaché à un arbre. Il est monté aux cieux.
Mithra
L'histoire de Mithra, le "Dieu-Soleil" de Perse, précède le mythe chrétien d'au moins 600 ans. Mithra a les caractéristiques suivantes en commun avec le Christ: Mithra est né dans une grotte d'une vierge un 25 décembre. Il était considéré comme un grand sage et un maître qui voyageait beaucoup. Il était appelé "le bon berger". Il était considéré comme "la voie, la vérité et la lumière". Il était encore appelé "le rédempteur", "le sauveur", "le Messie". Il était associé au taureau. Son jour sacré était le dimanche, le "jour du Seigneur," des centaines d'années avant l'émergence du mythe du Christ. Il était particulièrement célébré autour de la période de l'année qui deviendra les fêtes de Pâques. Il avait 12 compagnons ou disciples. Il accomplissait des miracles. Il fut enterré dans un tombeau. Après trois jours il se leva. Sa résurrection était célébrée chaque année. Les paroles de la Cène sont empruntées à celle des sectateurs de Mithra.
Prométhée
On a affirmé que le Dieu Grec Prométhée venait d’'Egypte, mais son drame se situa en fait dans les montagnes du Caucase. Prométhée partage avec le Christ de nombreux points communs. Prométhée descendit du ciel comme un Dieu pour s’incarner en homme afin de sauver l’humanité. Il fut crucifié, souffrit et fut ressuscité. Il fut appelé le Verbe ou le Mot. Cinq siècles avant l’ère chrétienne, le célèbre poète Grec Eschyle écrivit Le Bond de Prométhée, qui fut d’après Taylor présenté au théâtre à Athènes. Taylor affirme que dans la pièce Prométhée est crucifié "sur un arbre fatal " et que le ciel devient sombre : "L’ombre tombant à la fin de la pièce, lorsque Prométhée souffrait encore, était facilement obtenue sur scène en éteignant les lampes ; mais quand la tragédie devient histoire, et la fiction un fait, la lampe du jour ne peut s’éteindre aussi aisément. On ne peut donc nier que l’obscurité miraculeuse qui d’après les Evangélistes, a suivi la crucifixion du Christ, est précisément victime de ce même manque total de preuves." La tradition affirme que Prométhée fut crucifié sur un rocher, mais cependant certaines sources indiquent qu’il fut crucifié sur un arbre et que les Chrétiens modelèrent l’histoire et/ou mutilèrent le texte, comme ils le firent avec les oeuvres de tant d’auteurs anciens. Quoiqu’il en soit, le Soleil caché par l’obscurité constitue un parallèle avec le récit chrétien de l’obscurité qui tomba quand Jésus fut crucifié. Cet événement remarquable, qui n’est pas enregistré dans l’histoire, n’est explicable qu’à l’intérieur d’un mythe et comme partie d’une pièce récurrente.
Il n'y a pas lieu d'entrer ici dans le détail de l'analyse des mythes ayant rapport à chacune des divinités ayant contribué à la constitution de la figure judéo-chrétienne de Jésus; qu'il suffise de préciser qu'il y a pléthore d'ouvrages permettant d'établir que ce qui entre ici en cause n'est en rien une question de "foi" ou de "croyance." (Cf. entre autres : CUMONT Franz, Les Mystères de Mithra, Ed. d'Aujourd'hui, 1985, XVIII - 258 p.
- Albrecht Dieterich (1866-1908) avait déjà établi dans sa Liturgie de Mithra (1903, 2e éd., 1910) un certain nombre de faits significatifs, parmi lesquels :
- le terme "sacrement" n'est rien d'autre qu'une traduction du grec correspondant à "mystère",
- les conceptions du croyant comme "enfant de Dieu" et d'une renaissance possible de l'être sont communes à tous les cultes à mystères de l'Empire romain: Mithra, Isis, Attis, Apollon, etc.
- l'acte de manger le dieu au cours d'une célébration pratiquée déjà dans le culte mithriaque correspond au thème de l'union sacrée.
- La hiérarchie des fonctions, caractéristique du clergé chrétien, est quasiment identique à celle des prêtres de Mithra à laquelle elle a été substituée, et la papauté vaticane elle-même est bâtie sur le modèle du règne de Mithra, ce dernier partageant nombre d'attributs avec Jésus, et qui fut élaboré bien antérieurement à la figure de Jésus. - Robertson, op. cit. cf. aussi:
- Carl-Gustav JUNG, Wandlungen und Symbole der Libido (1912), trad. française: Métamorphoses et symboles de la libido, Aubier-Montaigne, 1931
- KRAMER Samuel Noah, Le Mariage sacré à Sumer et à Babylone, Berg International, 1983, 228 p. Traduit de l'anglais et adapté par J. Bottéro...)
Dans les faits, le mythe de Jésus présente de remarquables parallélismes avec l'histoire de Krishna, jusque dans les détails, telle que présentée par le mythologue et distingué érudit Gérald Massey, il y a déjà plus d'un siècle, tout aussi bien que par le révérend Robert Taylor il y a plus de 160 ans, parmi d'autres:
- Christianisme gnostique et historique, par Massey (cf. infra). Cf. aussi le Diegesis, par le Rév. Robert Taylor (Health Research), Les 16 sauveurs crucifiés du monde, par Kersey Graves, Pagan Christs, par J.M. Robertson, les travaux de Hilton Hotema (Health Research), Les fois païennes et chrétiennes, par Edward Carpenter (Health Research), et Désillusions et mythes de la Bible, par Lloyd Graham.
- Le conte de Krishna tel qu'il figure en bonne place dans les Veda hindous a été daté comme remontant à 1400 avant J.-C., datation basse - Graves, op. cit., p. 15.
- Israël a eu d'autres Messies avant J.-C., et les Pharaons étaient aussi désignés Fils de Dieu (Fils de Râ, le Dieu-Soleil)... d'ailleurs, Alexandre-le-Grand brigua ce titre.
2 La création du mythe
Les chrétiens y sont historiquement allés d'une telle censure que leurs actes aboutirent à un quasi-analphabétisme généralisé dans le monde antique, et se sont assurés que le secret de leurs emprunts resterait caché aux yeux des masses, mais les érudits d'autres écoles et sectes n'ont jamais renoncé à leurs arguments à l'encontre de l'historicisation des antiques figures mythiques. Nous avons aujourd'hui perdu le plus grand nombre des témoignages de ces érudits dissidents, les chrétiens ayant détruit quasiment toutes traces de leurs travaux. Néanmoins, ceux-ci préservèrent quelques-unes des relations de leurs multiples conflits avec leurs détracteurs dans leurs propres tentatives de réfutation. Par exemple, l'un des premiers pères de l'Église, Tertullien (160-220 après J.-C.), ex-païen et évêque de Carthage, admettait ironiquement la vérité des origines du mythe du Christ et de tous les autres divinités humanisées par l'affirmation, dans la réfutation qu'il tentait de faire des critiques dont il était la cible: "Vous dites que nous adorons le soleil; vous faites de même." -Wheless, op. cit., p. 147. - Lui-même renonça ultérieurement au christianisme - ibid., p. 144 -.
Certains conjecturent que l'apôtre Paul est tout aussi bien une figure mythique - cf. Désillusions et mythes de la Bible, par Graham; Apollonius le Nazaréen, par Raymond Bernard -. Et, de son côté, Robert Ambelain, dans "La Vie Secrète de Saint Paul" révèle que c'est ce prince hérodien d'origine iduméenne, Saül, qui "créa" le Christ, un principe mystique inspiré d'une figure mythique. Le véritable Jésus n'aurait été qu'un Galiléen rebelle, un chef de bande en révolte contre la domination romaine et crucifié comme prétendu roi. Que ce descendant du roi David se fasse appeler "seigneur" en Israël est bien normal ! Qu'il ait eu un péagier, des zélotes armés et des sicaires (l'iscariote) avec lui; que la foule des Juifs l'acclame comme "roi des Juifs" et qu'il proclame l'avènement du royaume comme imminent, tout cela est aussi dans les évangiles. Mais il dut se résoudre à un royaume spirituel et, tel Osiris, régner dans l'Au-delà. La loi romaine régnait sur Terre à ce moment-là. - R. Ambelain, "Jésus ou le mortel secret des templiers", 1979, Robert Laffont -.
Le "fils" de Dieu: "soleil" de Dieu
La raison pour laquelle tous ces mythes sont à ce point ressemblants, mettant en scène un dieu humanisé, mis à mort et ressuscité, qui fit des miracles et eut 12 disciples, pourrait être que ces récits se baseraient sur l'observation des mouvements apparents du soleil dans les cieux, conformément à un schème astro-théologique qui peut être retrouvé dans toutes les cultures, parce qu'on peut partout observer le soleil et les positions affirmées des 12 signes du zodiaque. Autrement dit, Jésus-Christ et toutes les autres figures mythiques présentant les mêmes caractéristiques ne seraient rien d'autre que des personnifications du soleil, et le schéma des Évangiles la simple répétition d'une formule mythologique se rapportant aux mouvements apparents du soleil dans les cieux - Jordan Maxwell, dans le livre "Votre Église ne veut pas que vous lisiez", Les fois païennes et chrétiennes, par Carpenter, le Diegesis par Taylor. Cf. également Massey, Churchward, Hotema, Graves, -
Par exemple, beaucoup de dieux humanisés crucifiés sont traditionnellement fêtés le 25 décembre. Ce serait en raison de ce que les anciens avaient reconnu que, dans une perspective géocentrique, le soleil paraîtrait se déplacer annuellement en direction du sud jusqu'au 21ième ou au 22ième jour de décembre, marque du solstice d'hiver, cesserait son mouvement apparent durant trois jours, et paraîtrait reprendre son déplacement en direction du nord ensuite. En relation avec ce mouvement apparent, les anciens déclaraient que le "soleil de Dieu" "était mort" durant trois jours et "re-né" à la date du 25 décembre. Les anciens se sont bien évidemment rendus compte avoir besoin du soleil et de sa lumière pour revoir chacun des jours qu'ils vivaient, et qu'ils seraient tourmentés d'inquiétude si le soleil continuait à se déplacer vers le sud, n'arrêtait pas et ne renversait pas la direction de son mouvement apparent. Ainsi, des cultures différentes auraient célébré l'anniversaire du "soleil de Dieu" le 25 décembre - Ibid-.
Ce qui suit sont les caractéristiques du "soleil de Dieu": Le soleil "meurt" durant trois jours le 22 décembre, au solstice d'hiver, quand cesse son mouvement apparent en direction du sud, paraît renaître le 25 décembre, quand il reprend son mouvement vers le nord. Dans certaines contrées, le calendrier en usage situait le commencement de la nouvelle année dans la constellation de la Vierge, et le soleil de la sorte "serait né d'une Vierge." Le soleil est la "lumière du monde." Le soleil "émerge au-dessus des nuages, et chaque œil le verra." Le soleil se levant le matin serait le "sauveur de l'humanité." Le soleil rayonnant porte une "couronne d'épines." Les "disciples" du soleil seraient les 12 mois de l'année et les 12 signes du zodiaque, par lesquels le soleil est censé passer. A l'opposé de la croyance populaire, les anciens n'étaient pas cependant à ce point ignorants et superstitieux pour avoir pensé leurs dieux de manière anthropomorphique. Les meilleurs esprits parmi eux pouvaient au moins se rendre compte que leurs dieux avaient été d'abord de nature astronomique et atmosphérique. Socrate puis Platon ont certainement connu cette figure de Zeus, père et dieu du ciel, qui des Indes et/ou d'Égypte passa en Grèce, n'ayant jamais été personnifiée, bien que les anciens Grecs montraient, dit-on, dans l'île de Crète une caverne, lieu de la naissance alléguée de Zeus, et une autre, lieu affirmé de sa mort.
Herman Usener, le philologue et historien bien connu (1834-1905), avait déjà établi que la fête de Noël n'était rien d'autre que l'antique fête romaine du Soleil Invincible. On pourra encore le suivre en tant que représentant de la remarquable Religions-geschichtliche Schule au sein de la théologie allemande qui précède la première guerre mondiale, sur l'affirmation qu'une certaine condition psychologique étant remplie, les mêmes images religieuses pourraient être probablement générées dans toutes les cultures. La thèse ici rapportée n'est pas nouvelle, bien entendu. Le Christ éternel n'est-il pas la lumière (re-)née de l'obscurité ? Sous l'influence de saint Augustin, Dieu ne fut-il pas identifié à l'Idée de Bien platonicienne, laquelle est aussi la Lumière ? Elle se trouve déjà, entre autres références, dans : BERTHELOT René, Pensée de l'Asie et l'astrobiologie (La), Payot, coll. Aux Confins de la science, 1972, 383 p.-
KRAPPE Alexandre H., Genèse des mythes (La), Payot, Bibliothèque scientifique, 1938, 359 p .- cf. La foi démythologisée selon A. Malet. Et voici une page sur ce sujet: Qu'est-ce qu'un mythe ?
Conclusion
Le Christ des Évangiles n’est en aucun cas un personnage historique ou un modèle suprême de l’humanité, qui souffrit, essaya et échoua à sauver le monde par sa mort il y a 2.000 ans. C'est un mythe, établi sur le fondement d'autres mythes et légendes en rapport avec des divinités païennes humanisées, elles-mêmes étant des personnifications du mythe omniprésent du dieu-soleil. Dailleurs, en arrivant à Corinthe, Paul avait simplement eu à remplacer un dieu-soleil, Apollon, par un dieu-lumière, Jésus-Christ. Puis ce fut Artémis qui laissa la place à la mère du nouveau dieu, devenue "reine du ciel".
Une certaine réserve à cet égard pourrait être exprimée en ces termes : si l'inconscient est la source du divin, ce dont on peut par ailleurs se convaincre, en même temps que caractérisé par sa naturalité, alors sera-t-il d'abord amené à trouver des affinités, par projection, dans les phénomènes de la nature, avec lesquels il pourra être mis en correspondance, tout autant que dans les formes de la culture, et du mythe en particulier, sans qu'on puisse en inférer une relation nécessaire des uns aux autres. "Si un triangle pouvait parler, il dirait sûrement que Dieu est éminemment triangulaire", écrivait déjà Spinoza dans une Lettre à Hugo Boxel. La réalité de la triade formée par le Soi, les archétypes divins comme fragments de divinité contenant une partie de son essence, sous les figures des fils ou des messagers de la divinité suprême, et le Moi, dont la Trinité n'est que l'une des formes particulières, est attestée dans la quasi totalité des mythes et religions recensés, au témoignage de Mircea Eliade (cf. entre autres son Traité d'histoire des religions, Payot, régulièrement réédité). Le mythe bien connu d'Osiris mis en morceaux par son adversaire Seth, ses nombreux équivalents en termes de diffraction de la divinité, ont en commun de renvoyer au processus de dé-intégration du Soi primaire et à celui de différenciation largement commentés par C.-G. Jung.
3 - L'étymologie enseigne l'histoire
Zeus, connu aussi sous le nom de Zeus Pateras, que nous estimons désormais en rapport avec le mythe, et non comme correspondant à une figure historique, tire son nom de la désignation indienne de Dyaus Pitar. Dyaus Pitar fut tour à tour rapproché du Ptah égyptien et de Pitar; de Ptah provient peut-être le mot "pater", ou "père". Zeus est encore identique à Dyaus, devenu Deos, Deus, Dios ou Dieu. Zeus Pateras, comme Dyaus Pitar, signifie "Dieu le père". Il n'est à aucun moment question ici d'un personnage historique. Dyaus Pitar est devenu Jupiter dans la mythologie romaine, et n'y est pas davantage représentatif d'une figure réelle et historique. Dans la mythologie égyptienne, Ptah, le père de l'humanité, est en même temps le "dieu-principe" ou force invisible, dont le soleil était identifié au mandataire visible qui apporte la vie éternelle à la terre; par voie de conséquence, le "fils de Dieu" serait véritablement le "soleil de Dieu". En effet, d'après Hotema, le nom même de Christ proviendrait du mot "Kris" (comme dans le nom de Krishna), qui est une autre désignation du soleil.- Cf. Le Livre égyptien des morts, par Massey, pp 1-2. -.
En outre, puisque Horus était appelé le "KRST" des siècles avant la désignation judéo-chrétienne correspondante, on peut en inférer sans le moindre doute que le mythe de Jésus-Christ constituerait une simple répétition de celui d'Horus. Selon le révérend Taylor, le titre de Christ sous sa forme hébraïque, l'Oint, était détenu de tous les rois d'Israël, et à ce point "généralement emprunté par tous les imposteurs, prestidigitateurs, et par ceux qui se prévalaient d'une transmission supra-naturelle, que la mention qui en est faite dans les chants sacrés peut elle-même être regardée comme l'indication d'une imposture." - cf. le Diegesis, p. 7. -. Hotema précise que le nom de "Jésus-Christ" n'était pas encore officiellement adopté de l'Église sous cette forme jusqu'au premier Concile de Nicée, en 325 après J.-C. - Cf. l'Introduction au Livre égyptien des morts par Massey, p. 9.-. Et l'aspect traditionnel barbu et chevelu du dieu Sérapis a été repris pour dépeindre la figure du Christ.
Dans les faits, il n'est pas jusqu'aux noms de lieux et appellations relatives à beaucoup d'autres personnages du Nouveau Testament qui ne puissent être établis comme étant des transpositions hébraïques faites à partir des textes égyptiens. Par exemple, dans l'histoire de Lazare, le personnage prétendument ressuscité d'entre les morts par Jésus, les premiers chrétiens ne se sont pas même donné la peine d'en changer le nom, El-Azar-us correspondant à la désignation égyptienne du personnage enlevé d'entre les morts par Horus, le conte égyptien étant probablement antérieur d'au moins 1.000 ans à la version juive.- Désillusions et mythes de la Bible, par Lloyd Graham, p. 338. -. Le conte égyptien constitue vraisemblablement une allégorie pour la course du soleil au travers de la constellation de Sirius, lui apportant la lumière et la vie - Massey, Christianisme gnostique et historique, Sure Fire Press.
- Ce n'est pas une histoire vraie. Le principal ennemi d'Horus - à l'origine l'autre visage ou l'aspect "sombre" d'Horus - était Seth ou Sat, d'où provient Satan - Cf. Walker, Massey, Churchward.
- Horus lutte contre Set de la même façon que Jésus contre Satan, ayant passé 40 jours dans le désert, entre autres similitudes - ibid., p. 398.
- Ce serait en raison de ce que le mythe figurerait la victoire de la lumière sur les ténèbres, ou bien le retour du soleil libérant de la terreur de la nuit.
Le nom Jérusalem signifie simplement "ville de la paix", et il y a des raisons de suspecter que le nom de la ville d'Israël lui ait été attribué postérieurement à celui de la ville sainte de la paix (Salem) dans les textes sacrés égyptiens, qui existaient déjà avant la fondation de cette ville. De même, Béthanie, ville où aurait eu lieu la célèbre multiplication des pains des Évangiles, signifie "Chambre de Dieu", et le récit constituerait une allégorie pour la "multiplication de ses enfants au-dehors d'elle" - cf. Massey, Churchward et Graham. -. Toutes les villes portant ce nom furent probablement ainsi dénommées pour désigner de tels lieux allégoriques dans les textes antérieurs à la fondation de la cité biblique. La désignation correspondante dans la langue égyptienne était Bethanu - ibid. -.
Le livre de l'Apocalypse est égyptien et zoroastrien. On peut retrouver certains noms de lieux allégoriques tels "Babylone" et "Israël" dans le livre de l'Apocalypse. Massey a soutenu que ce texte, plutôt que d'avoir été écrit par l'apôtre du nom de Jean au Ier siècle après J.-C., était inspiré d'une tradition d'une haute antiquité, vieille d'il y a 4.000 ans - Le Jésus historique et le Christ mythique, pp. 3-6. -. Massey affirme que l'Apocalypse rapporterait la légende mithraïque de Zarathoustra. La forme commune de ce texte a été attribuée par Churchward au scribe de Horus, Aan, dont le nom nous a été transmis comme celui de "Jean" - Churchward, op. cit., p. 399. -. Horus a été également désigné sous le nom d'"Anu(p) le Baptiste", devenu "Jean-Baptiste" - ibid., p. 397. -.
Le nom Israël lui-même, loin d'être une dénomination juive, est probablement formé de la combinaison de trois noms distincts de divinités: Isis, la déesse de la terre vénérée dans tout le monde antique; Ra, le dieu-soleil égyptien; et El, le dieu sémitique, dont la figure nous a été transmise sous la forme de Saturne - Walker, op. cit. -. El/Saturne était l'un des noms les plus anciens pour le dieu des anciens Hébreux (d'où Emmanu-El, Micha-El, Gabri-El, Samu-El, etc.), et son culte transparaît dans le fait que les juifs font encore aujourd'hui du samedi le jour consacré au sabbat. Le fait même que les chrétiens vénèrent leur dieu le dimanche [Sun-day en langue anglaise] en trahirait les origines véritables. Leur "sauveur" est effectivement le Soleil, la "lumière du monde que chaque œil peut voir". Le soleil a été universellement désigné à travers l'histoire en tant que sauveur de l'humanité pour une raison évidente: sans le soleil la vie sur la planète ne durerait pas une journée.
Les patriarches sont les divinités d'autres cultures. Quand on étudie la formation des mythes, on peut aisément y discerner et caractériser une configuration-type constamment répétée au cours de l'histoire. Toutes les fois qu'une culture dominante succède à celles qui l'ont précédé, elle diffame les divinités antérieures ou bien en fait des demi-dieux ou des patriarches. Le fait se produisit à plusieurs reprises dans l'histoire. Le processus se retrouve de manière particulièrement significative avec l'adoption du dieu hindou Brahma en tant que patriarche hébreu du nom d'Abraham - Walker, op. cit., p. 5.- .
Une autre école fait du patriarche Josué la répétition de la figure d'Horus en tant que Iusa, en raison de ce que le culte d'Horus était passé par cette période en Orient. Dans cette interprétation, le culte de Joshua, qui a pu être rapporté à la même région où le drame du Christ aurait prétendument eu lieu, avant son exportation dans la totalité du monde chrétien, serait devenu celui de Jésus - Dujardin, op. cit. -. En outre, la légende de Moïse, plutôt que de correspondre à l'histoire d'un personnage hébreu ayant eu une existence historique, a pu être retrouvée dans tout le Moyen-Orient antique, sous des noms et des caractéristiques ethniques différents selon la région: Nemo le législateur, qui aurait apporté les tablettes divines de la montagne, provient de Babylone; Moïses est mentionné en Syrie et en Égypte, et les Dix commandements (le Décalogue) constituent la simple répétition du code babylonien d'Hammourabi et des Veda - Maxwell, Graham, Taylor. -. Comme Moïse, Krishna a été placé à sa naissance par sa mère dans un panier de roseau, et fut découvert sur la rive d'un fleuve par une autre femme - Le Mahabharata. -. Il y a plus d'un siècle, Massey soutenait, et Graham récemment le réitérait, que l'exode même ne répond à aucune donnée historique. Que la réalité même de l'exode puisse être remise en question est corroboré par le manque significatif de témoignages archéologiques, comme le confirmait encore la Revue Biblique d'Archéologie dans son numéro de Septembre/Octobre 1994 -. L'article en question s'efforce toutefois d'établir la réalité historique de l'exode. Les préjugés sont tenaces.
Comme la plupart des principales figures bibliques, le personnage de Noé est également une figure mythique - cf. Walker, op. cit., et Jordan Maxwell. -, depuis longtemps connue des Égyptiens, des Assyriens, des Grecs et d'autres peuples, comme pourraient le confirmer tous les spécialistes des cultures antiques. Pourtant, on trouve encore aujourd'hui quantité d'ouvrages soutenant "la vérité" prétendue définitive d'un être mystique, omniscient, omniprésent et quasi-éternel, à l'image de Jésus lui-même, délirant sur le thème d'un Noé prétendu véritable et historique, de ses aventures extraordinaires, et du grand déluge !
Il y eut des déluges et des relations de déluges dans beaucoup de régions du monde, mais limitons-nous au Moyen-Orient. Le prétendu déluge de Noé peut être rapporté au phénomène périodique annuel des crues du Nil, fait incorporé dans la mythologie égyptienne. L'historien chaldéen bien connu Bérose (IV s. av. J.-C.) qui raconte une histoire du déluge très proche de la Genèse dit l'avoir copiée d'après les tablettes qui existaient encore à son époque dans la bibliothèque de Ninive et en 1850 des fouilles permirent de retrouver des tablettes, reproduisant elle-mêmes des documents antérieurs. Les crues exceptionnelles du Tigre et de l'Euphrate en sont à l'origine. En outre, le conte de Noé trouve des parallèles à bien des égards avec le mythe grec de Deucalion, qui construisit une arche, après que le déluge eut atteint le mont Parnasse.
Qui plus est, l'Esther du Livre d'Esther dans l'Ancien Testament est un reflet de la déesse Ishtar, Astarte, Astoreth ou Isis, d'où provient Pâques (Easter en anglais) - cf. Walker, et autres, et l'Encyclopédie des religions.- et à propos de laquelle fut prédit un règne long et éternel d'après "la parole infaillible de Dieu"-. En effet, bien que passant aux yeux des croyants pour comprendre en elle toute l'histoire passée de l'univers, la "parole omnisciente de Dieu" fait à peine mention des milliers d'années au cours desquelles la grande déesse fut connue et adorée, et seulement pour la déprécier et prétendre convertir ses adorateurs à la foi hébraïque. En Actes ch 19: 27, l'auteur admet toutefois l'existence et la popularité de la grande déesse Arthémis, vénérée en Asie et dans le monde entier. En outre, en dépit de tous les efforts accomplis pour effacer de l'histoire la mémoire de la grande déesse dans l'Ancien Testament, la vérité de son existence transparaît au travers de la plume du copiste de 1 Rois ch 11: 5, où Salomon "est allé auprès d'Astarté, la déesse des Sidoniens" et de Juges ch 3: 7, où "les Israélites firent le mal aux yeux du Seigneur en servant Baal et Astaroth". Ces quelques passages se rapportant à la grande déesse mis à part, les compilateurs de la Bible n'ont certainement pas souhaité reconnaître combien puissante et universellement répandue était la croyance et la vénération pour le principe divin féminin.
Dans une semblable perspective, l'ouvrage de Merlin Stone - STONE Merlin, Quand Dieu était femme. Au-delà de la fable d'Adam et Eve: d'où provient notre mythologie intérieure ?, L'Étincelle, 1976, 350 p., réimpr., 1989. - rappelle combien le culte de la Grande Déesse, c'est-à-dire du principe féminin, créatrice de Vie ou Reine du Ciel, probablement la plus ancienne forme de religion qui puisse être indirectement connue, et déjà tombée à l'arrière-plan en Inde, à Rome, dans les cultures germaniques, etc., à l'exception peut-être des anciens Grecs qui l'auraient maintenue vivante associée au culte de Deméter, la terre-mère (Albrecht Dieterich, La Terre Mère, 1903), fut l'objet d'une violente répression de la part des croyants sectateurs des mythes bibliques qui en effacèrent jusqu'au souvenir pour mieux faire prévaloir l'exclusivisme du "Notre Père", répression dont furent victimes en premier lieu ses adoratrices, de la "prostituée sacrée" à l'éternelle servante ou séductrice que serait la femme... D'où une lecture particulière de ces mythes intellectualisés et d'élaboration tardive de la Création, de la Chute, du Paradis perdu, qu'on pourra avantageusement compléter par :
- GRAVES Robert, PATAI Raphaël, Les Mythes hébreux. Traduit de l'anglais par J.-P. Landais, Fayard, 1987, 294 p. qui contient une analyse systématique des textes de la Genèse directement confrontés à leurs sources.
- BRINTON PERERA Sylvia, Retour vers la Déesse. Traduit de l'américain par Françoise Robert, Séveyrat, 1990, 171 p. qui montre dans une perspective analytique combien s'avère urgente pour nos sociétés la réhabilitation du principe féminin trop longtemps occulté. Même le nom hébraïque de Dieu, Yahweh, a été repris du nom égyptien
Ph.E.